Résumé de la 37e partie n Croyant avoir affaire à Kamaralzamân, le roi Armanos, de l?île d?Ebène, proposa à Boudour la main de sa fille Haïat-Alnefous et son trône par la même occasion. Cette proposition et cette offre généreuse si spontanée jetèrent la princesse Boudour dans un embarras fort gênant. Elle ne sut d'abord que faire pour ne point trahir le trouble qui l'agitait ; elle baissa les yeux et réfléchit un bon moment tandis qu'une sueur froide lui glaçait le front. Elle pensa en elle-même : «Si je lui répondais que je suis déjà, en tant que Kamaralzamân, marié avec Sett Boudour, il me répondrait que le Livre permet quatre femmes légitimes ; si je lui disais la vérité sur mon sexe, il serait capable de me forcer à me marier avec lui ; ou bien encore la nouvelle serait connue de tout le monde et j?en aurais une grande honte ; si je refusais cette offre paternelle, son affection se changerait en haine farouche contre moi et il serait capable, une fois que j?aurais quitté son palais, de me tendre des embûches pour me faire périr. Il vaut donc mieux accepter la proposition, en laissant s?accomplir la destinée ! Et qui sait ce que l?insondable me cache ? En tout cas, en devenant roi, j?aurai acquis un royaume fort beau pour le céder à Kamaralzamân à son retour. Mais pour ce qui est de la consommation de l?acte avec la jeune Haïat-Alnefous, mon épouse, il y aurait peut-être moyen ; je réfléchirai.» Donc elle releva la tête et, le visage coloré d'une rougeur que le roi attribua à une modestie et à un embarras compréhensibles chez un adolescent si candide, elle répondit : «Je suis le fils soumis qui répond par l'ouïe et l'obéissance au moindre des souhaits de son roi !» A ces paroles, le roi Armanos fut à la limite de l'épanouissement et voulut que la cérémonie du mariage eût lieu le jour même. Il commença par abdiquer le trône en faveur de Kamaralzamân, devant tous ses émirs, ses notables, ses officiers et ses chambellans ; il fit annoncer cet événement à toute la ville par les crieurs publics et dépêcha des courriers par tout son empire pour annoncer la chose aux populations. Alors, une fête sans précédent fut organisée en un clin d'?il dans la ville et dans le palais et, au milieu des cris de joie et au son des fifres et des cymbales, fut écrit le contrat de mariage du nouveau roi avec Haïat-Alnefous. Le soir venu, la vieille reine, entourée de ses suivantes qui poussaient des «lu-lu-lu» de joie, amena la jeune épousée Haïat-Alnefous à Sett Boudour, dans son appartement : car elles la prenaient toujours pour Kamaralzamân. Et Sett Boudour, sous son aspect de roi adolescent, s'avança gentiment vers son épouse et lui releva, pour la première fois, la voilette du visage. Alors, toutes les assistantes, à la vue de ce couple si beau, furent si captivées qu'elles en pâlirent de désir et d'émoi. La cérémonie terminée, la mère de Haïat-Alnefous et toutes les suivantes, après avoir formulé des milliers de v?ux de félicité et après avoir allumé tous les flambeaux, se retirèrent discrètement et laissèrent les nouveaux mariés seuls dans la chambre nuptiale... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Mais lorsque fut la deux cent dixième nuit, elle dit : ...Les nouveaux mariés seuls dans la chambre nuptiale. Sett Boudour fut charmée de l'aspect plein de fraîcheur de la jeune Haïat-Alnefous et, d'un coup d'?il rapide, elle la jugea vraiment désirable avec ses grands yeux noirs effarés et son teint limpide. Et Haïat-Alnefous sourit timidement d'avoir plu à son époux, bien qu'elle tremblât d'émotion contenue et baissât les yeux, osant à peine bouger sous ses voiles et ses pierreries. Et elle aussi avait pu tout de même remarquer la beauté souveraine de cet adolescent aux joues vierges de poil qui lui paraissait plus parfait que les plus belles filles du palais. Aussi, ce ne fut point sans être remuée dans tout son être qu'elle le vit tout doucement s'approcher et s'asseoir à côté d'elle sur le grand matelas étendu sur les tapis. (à suivre...)