Manifestation n Trois films, parmi les seize inscrits à la compétition officielle, ont été projetés lors de l?ouverture de la 5e édition du Festival international du film de Marrakech. Bab El-Makam du réalisateur syrien Mohamad Malas, se singularise par une trame originelle où la passion est l'élément tragique qui précipite le sort des protagonistes. Le film relate l'histoire d'une jeune fille, Imane, une chanteuse en gestation, aux prises avec une société fanatisée par un conservatisme à outrance et qui estime que la femme n'est respectable et respectée que dans le silence. Dans ce film, Salwa Jamil joue le rôle de cette jeune femme qui ne vit que dans l'espoir de pouvoir, un jour, réaliser son rêve et perpétuer la légende d'Oum Kaltoum. Le destin ayant décidé autrement, Imane (la foi) est réduite au silence par sa famille qui décide de l'assassiner plutôt que de vivre dans le déshonneur. Ainsi, le film raconte, à travers une écriture libre et non conventionnelle, les difficultés qu'affrontent des filles et des femmes du monde arabe qui doivent faire face à un choix de taille : vivre leur passion ou se plier devant des traditions et des modes de vie archaïques en sacrifiant leurs ambitions et leurs rasions d'être. Le film allemand Schatten der Zeit (Shadows of Time), réalisé en 2004 par Florian Gallenberge, relate l'histoire d'un amour tragique entre Ravi et Masha, deux enfants forcés à travailler dans un atelier de tapis, dans l'arrière-pays de Calcutta. Se rendant compte que l'argent détermine si on est libre ou esclave, Ravi, ambitieux et résolu, monte dans la hiérarchie sociale avec un seul but en tête : laisser l'atelier derrière lui. Mais lorsqu'il apprend que le chef d'atelier veut vendre Masha à un proxénète, il sacrifie toutes ses économies pour racheter la liberté de sa bien-aimée. Man Push Car, réalisé en 2005 par l?Américain d'origine iranienne Ramin Bahrani, raconte les péripéties d'un homme d'origine pakistanaise qui, chaque nuit, traîne son lourd chariot dans les rues de New York vers le carrefour où il travaille. Et chaque matin, il vend depuis son chariot du café et des beignets dans cette ville où il ne se sent pas chez lui. Ainsi, Man Push Car révèle la face hideuse d'un autre esclavagisme non moins dégradant lorsque l'être humain se trouve condamné à traîner derrière lui, tels les boulets d'un éternel prisonnier un destin qui lui a été tracé avant même sa naissance. Chacune des trois fictions raconte à sa manière la détresse humaine à travers une tragédie personnelle où l'individu se trouve en porte-à-faux de sa propre société (ou de sa société d'adoption), avec cependant pour point commun pour tous, une fatalité révélatrice de la vanité de l'existence humaine. Le 5e Festival du film international de Marrakech, ouvert vendredi soir, se poursuit jusqu?au 19 novembre. 16 longs-métrages représentant 15 pays (Espagne, France, Syrie, Canada, Grande-Bretagne, Chine, Danemark, Belgique, Etats-Unis, Finlande, Kirghiztan, Allemagne, République tchèque et Maroc) sont en compétition pour l'Etoile d'or, le grand prix décerné par le festival. A rappeler que l?étoile d'or de l'édition 2004 du Festival est revenue au film américain Sideways d'Alexander Payne.