Stratégie n Pour s?assurer une alimentation convenable en eau potable, l?Algérie a choisi de se tourner résolument vers la mer. Le dessalement de l?eau de mer, pour bon nombre d?experts, réduirait, de manière substantielle, les pénuries. Ce recours est plus qu?une nécessité, vu que plus de la moitié de la population algérienne réside sur la bande du littoral, longue de quelque 1 200 km, théâtre, par ailleurs, d?un déficit chronique en eau potable. L?Algérienne des eaux (ADE),en vertu d?une réforme institutionnelle entamée en 2001, a amorcé la réalisation d?une série de 21 petites unités de dessalement de 2 500 m3 chacune, totalisant 57 000 m3. Ces réalisations ont été faites sur concours définitif, c?est-à-dire à partir du budget de l?Etat. Deux grands opérateurs ont un quasi-monopole d?intervention en matière de réalisation des usines de dessalement de l?eau de mer. L?ADE (Epic), pour le compte du ministère des Ressources en eaux et l?AEC (SPA) dont Sonatrach et Sonelgaz se partagent la propriété des actions. Il est à signaler à ce propos que l?Algerian Energy Company (AEC) a déjà réalisé, avec la société Kahrama, l?usine de dessalement d?Arzew (Oran). A l?instar de ce qui se fait dans les autres pays, les deux opérateurs algériens ont défini une stratégie de réalisation de leurs grands projets en BOO (Build, own and operate). Autrement dit, ces sociétés se chargeront de la construction des unités, mais aussi de la gestion de l?eau. De petites unités ont été installées un peu partout, notamment dans les agglomérations qui connaissent des crises d?alimentation aiguës. Certaines sont déjà entrées en production avec des résultats ponctuels satisfaisants. Une autre unité dont l?ADE est partie prenante, est en cours de construction à Alger, précisément à El-Hamma avec une capacité de 200 000 m3/jour soit le tiers de la consommation d?Alger. Cependant, ce choix du dessalement n?est pas uniquement un palliatif. Il s?agit d?un choix stratégique pour assurer au pays la disponibilité des ressources en eau potable à court et moyen terme. Car, selon les estimations établies, la demande va encore augmenter dans les prochaines décennies. Il faut, en effet, non seulement répondre aux besoins d?une population qui atteindra 50 millions de personnes avant la moitié du siècle en cours, mais aussi combler le retard et améliorer les dotations actuelles, qui répondent certes aux normes établies par l?OMS, mais restent aléatoires et inégales. Dans la Lettre de l?ADE, publication périodique de la société, il est signalé que «dans une telle perspective, l?Algérie doit absolument maîtriser les techniques du dessalement, particulièrement dans l?hypothèse où le réchauffement de la planète sous l?impact des émissions des gaz à effet de serre, peut rendre les ressources actuelles encore aléatoires». En ce sens, les stations de dessalement actuelles constituent non seulement une nouvelle source d?approvisionnement en eau potable, mais aussi des laboratoires qui permettront, à terme, de diffuser le savoir-faire nécessaire pour maîtriser ces techniques. Les premiers résultats sont déjà là.