La Banque mondiale, tout en admettant que la croissance en Algérie est relativement positive, estime que l?augmentation des salaires doit être impérativement tributaire de la productivité hors hydrocarbures. Malheureusement, on n?en est pas encore là? Le premier vice-président de la BM, François Bourguignon, invité ce lundi matin de la Chaîne III, a déclaré : «Il ne peut y avoir d?augmentation des salaires sans augmentation de la productivité hors hydrocarbures» appuyant ainsi les thèses du Fonds monétaire selon lesquelles toute augmentation mal calculée risque d?alimenter un peu plus l?inflation et altérer sensiblement les équilibres macroéconomiques. Le vice-président de la Banque mondiale estime, dans ce sens qu'il «est tout à fait raisonnable que l?évolution des salaires aille en parallèle avec l?augmentation de la productivité» exhortant les pouvoirs publics à traduire le partage des richesses par des investissements qui pourraient être porteurs à terme. «Si on essaye de raisonner en termes économiques, il va falloir favoriser les investissements qui, par effet d?entraînement, seront la principale source de la création de l?emploi et de la richesse», a-t-il argumenté. Le représentant de la BM estime qu'aujourd?hui le climat est propice pour mener correctement les réformes engagées, faisant allusion à la grosse manne financière engrangée par l?Algérie avec l?envolée, depuis pratiquement une année, des prix du pétrole. M. Bourguignon juge, dans la foulée, «positifs les indices macroéconomiques actuels», mais pense tout de même que l?Algérie peut mieux faire. «L?Algérie doit faire mieux en termes de croissance», a-t-il déclaré en insistant sur l?impérieuse nécessité de rentabiliser davantage les secteurs hors hydrocarbures, peu ou rarement sollicités. Faisant son diagnostic, l?invité de la Chaîne III a jugé aussi que l?économie algérienne est une économie déséquilibrée. Il en veut pour preuve le retard enregistré par le pays dans le domaine du commerce extérieur qui, selon lui, «ne devrait pas être exclusivement réservé au baril du pétrole». L?orateur dira plus loin que l?économie algérienne se porte bien «parce que les caisses sont pleines» et que «la croissance est satisfaisante», mais il n?omettra pas de signaler que «les réformes engagées doivent aboutir à terme». «Le grand défi de l?Algérie est d?arriver à réaliser la réforme structurelle de son économie, autrement que par les hydrocarbures», a-t-il encore recommandé. Le représentant de la Banque mondiale prévoit, à moyen terme, «une place considérable pour le secteur privé» sans qu?il y ait toutefois «une diminution sensible du rôle de l?Etat». Celui-ci doit avoir sa place en termes de fiscalité, pour ce qui est des dépenses publiques et de la protection sociale. «Le modèle actuel est un modèle de libéralisme maîtrisé», a-t-il conclu.