L'Algérie est parmi les quatre seuls pays qui sont à l'origine du “boom économique” et de “l'accélération de la croissance” dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), a indiqué la Banque mondiale dans un rapport présenté, hier, à l'occasion de la tenue de la réunion de printemps du FMI et de la BM les 16 et 17 avril à Washington. Dans ce rapport 2005 intitulé “Développements récents et perspectives économiques de la région Mena — booms et gestion des recettes pétrolières”, la Banque mondiale a indiqué que cette région connaît, depuis deux années, une “croissance exceptionnelle” laquelle a dépassé 5,6% en 2003 et 2004, soit “la meilleure performance depuis 10 ans, bien au-dessus de la moyenne de 3,6% constatée pendant les années 1990”. Par habitant, cette moyenne a été de 3,5% sur les deux dernières années, soit le meilleur résultat enregistré dans la région depuis le milieu des années 70, précise encore l'institution de Bretton Woods. La Banque mondiale fait constater, cependant, que si la région Mena connaît un boom économique, cette accélération de la croissance de la région n'est pas particulièrement bien répartie. Ainsi, si l'on compare les chiffres des années 90 à ceux des deux dernières années, précise la BM, sur les 19 pays de la région Mena, “seuls l'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Iran, et les Emirats arabes unis sont à l'origine de 97% de cette reprise de la croissance de la région”. En fait, dans plus de la moitié des autres pays de la région, la croissance a fléchi par rapport aux années 90, souligne-t-elle. Dans le sillage de la forte expansion que connaît la région Mena, le chômage a sensiblement reculé pendant la période 2000-2004, parallèlement à la hausse des prix pétroliers. La BM estime qu'il est passé de 14,9% de la population active en 2000 à 13,4% actuellement, résultant d'une augmentation de 37% du taux de création d'emplois par rapport aux années 90. Selon la BM, près de 100 millions de nouveaux emplois devront être créés dans les 20 prochaines années pour pouvoir absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail et les chômeurs actuels dans la région. Ce taux de croissance exceptionnel résulte de la flambée des prix du pétrole et de la hausse de la production pétrolière qui ont provoqué une forte hausse de la consommation et des investissements du secteur public, explique la Banque mondiale. Cet essor s'est, en outre, concentré dans les pays producteurs de pétrole, qui sont pour l'essentiel à la base de l'accélération de la croissance de la région. Commentant ce rapport, l'économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Mena, M. Mustapha Nabli, a déclaré que “la forte croissance, que la région Mena a connue ces deux dernières années, ne change pas ses données économiques fondamentales”. Selon lui, “on parle encore d'une région dont les niveaux d'activité du secteur privé et de création d'emplois sont faibles, dont l'intégration à l'économie mondiale est limitée et qui est très tributaire de marchés pétroliers instables. Ce qui s'est passé pour l'essentiel ces deux dernières années, c'est un choc positif sur les termes de l'échange”. Le rapport révèle, cependant, que la région a dans l'ensemble pris du retard sur le reste du monde pour l'adoption de réformes structurelles. Par conséquent, il est estimé que les pays Mena doivent profiter du climat économique favorable pour entreprendre un énergique programme de réformes. En revanche, Mena est la région du monde qui a fait le moins de progrès pour l'amélioration du cadre d'activité des entreprises. Ses pays se situent en moyenne dans le tiers inférieur du classement mondial pour la mise en œuvre d'une série de réformes du secteur financier et de la réglementation applicable aux entreprises. Le rythme des réformes dans des domaines politiquement sensibles, comme le cadre judiciaire propre à améliorer l'exécution des contrats, a été particulièrement limité. Le rapport fait également état d'une absence de progrès sur le front du renforcement de la gouvernance, évalué sur la base du double critère de la qualité de l'administration publique et de la responsabilisation du secteur public. Bien que la région puisse se prévaloir de quelques succès sur le plan de l'amélioration de la qualité de l'administration publique, ses progrès sur le front de la responsabilisation du secteur public sont parmi les plus faibles qui soient. “On ne peut pas parler de réformes de seconde génération dans la région Mena sans aborder le dossier de la gouvernance”, a commenté pour sa part M. Christiaan Poortman, vice-président de la Banque mondiale pour la région Mena.