Politique n Des pratiques archaïques en rapport avec le cinéma et l?audiovisuel ne font pas bénéficier l?Algérie de toutes les évolutions qui s?opèrent dans le monde. A l?ère des nouvelles technologies et de la mondialisation, quelle est la place de l?Algérie, au plan de l?audiovisuel et du cinéma, sachant que le son et l?image représentent la première industrie ? et économie ? dans le monde ? Abdou Benziane, qui a été l?invité du café son et image de la Bibliothèque nationale, a dressé un constat désolant quant à la place de l?Algérie dans cette nouvelle logique. Dans un pays où la pratique cinématographique a quasiment disparu parce que les entreprises chargées de la production et de la promotion du 7e art n?ont pas suivi les évolutions internes et ont été dépassées par les changements qui s?opéraient dans le monde, et que l?exercice de l?audiovisuel, quant à lui, ne se fait pas à la lumière des nouvelles technologies, il est évident que l?Algérie ne peut trouver une quelconque place, même la plus dérisoire. «On a un cinéma accidentel», dit-il. C?est-à-dire sporadique : une production dans l?année ou les deux ans (et même plus), et, là, il s?agit, en plus, de coproductions pour la plupart. Et de souligner : «Le cinéma ne peut se faire par l?Etat, c?est pourquoi il faut laisser le privé s?y investir.» Il faut trouver, selon Abdou Benziane, des formules et des stratégies communes aidant à créer un environnement favorable à la renaissance de la pratique du cinéma. Le rôle de l?Etat consiste à réguler, au plan juridique et administratif, le secteur du cinéma et au privé il incombe la tâche de produire, de distribuer, d?exploiter et de dynamiser l?industrie technique. Ainsi, l?Etat et le privé entrent dans une relation de complémentarité : ce que l?un ne peut faire, l?autre le fait. «L?avenir du cinéma se fera à partir du privé», a-t-il affirmé. Plus tard, abordant le volet de l?audiovisuel, Abdou Benziane dira que l?Algérie est le pays le plus parabolé. «Parce qu?il y a une demande, relève-t-il, mais comment satisfaire cette demande ?» L?intervenant insistera sur la nécessité d?ouvrir le champ de l?audiovisuel au privé, que l?Etat ne peut continuellement exercer son monopole sur les médias lourds et ne peut aussi contrôler la gestion du secteur de l?audiovisuel. «Il faut qu?il y ait un Conseil supérieur de l?audiovisuel» à même de gérer les affaires afférentes à ce secteur. «Il n?y a que chez nous que le gouvernement, voire le Président nomme un directeur de télévision», déplore-t-il. «En France, à titre d?exemple, le Président ne fait que signer la nomination d?un directeur d?une chaîne» ; ce geste n?est que protocolaire, car la décision revient au Conseil supérieur de l?audiovisuel et c?est lui qui veille au bon fonctionnement de toute la chaîne de l?audiovisuel. La politique de l?Algérie en rapport avec le cinéma et l?audiovisuel reste archaïque, se confinant dans un conservatisme inopérant et qui bloque le développement de l?Algérie. Cette attitude maintient notre pays hors compétition et en marge du processus d?évolution qui s?opère dans le monde.