Analyse n Éthique, déontologie, franchise universitaire. Trois concepts sur lesquels l'université Mouloud-Mammeri a eu à réfléchir à l'occasion d'un séminaire national. Mme Souad Bendjaballah, ministre déléguée à la Recherche scientifique, présente au premier jour du séminaire, dira : «l'éthique relève du registre des valeurs morales de chaque profession. Des valeurs qui doivent faire le consensus au sein de la société tout en suivant son évolution, puisque les règles de l'éthique doivent accompagner le changement.» Elle abordera les questions du clonage humain et de la greffe partielle du visage qui ont été, ces derniers temps, à l'origine de petits scandales au sein de la profession médicale. Sur ce même registre, le professeur Dahmani, de la faculté des sciences (UTO) estimera que «sans un minimum de responsabilité de la part de la communauté universitaire, l'éthique, la déontologie et les franchises universitaires ne pourraient être préservées». Il dénoncera le cumul d'heures supplémentaires par certains enseignants, le nombre vertigineux de copies d'examen à corriger en un laps de temps limité, «ce qui contraint l'enseignant, dira-t-il, à perdre son objectivité, à transgresser le mode d'évaluation et par là même porter atteinte à l'éthique et à la déontologie». Il parlera aussi de la non-actualisation des cours par des enseignants qui assurent les mêmes cours pendant une dizaine d'années, et de certains de ces collègues qui «déchirent des pages de manuels pour les dicter aux étudiants». Le professeur Benzaghou, de l'université de Bab Ezzouar, a rappelé, dans sa communication, que c'est en 1993 qu'un premier groupe de réflexion sur l'éthique, la déontologie et les franchises universitaires a été mis sur pied. Selon lui, «l?éthique et la déontologie sont un état d?esprit plutôt que des règles qui sont toujours difficiles à écrire». Le professeur Chitour de l'école nationale polytechnique, se référant aux mutations mondiales, dira : «Avec la mondialisation, nos notions d'éthique et de déontologie n'existent pas. Dans les pays développés, tout a explosé et la meilleure vitesse reste celle de l'argent.. Partageant sa vision, le Pr Dahmani parlera du «danger qui guette l'Algérie en cas de recul sur le plan économique et qui réside en un risque d'injonctions extérieures qui perturberont l'université». il donnera l'exemple de Madagascar qui a été «contrainte par le FMI à réduire les cours de sciences humaines à leur simple expression car le budget de l'enseignement supérieur était faible». L'autre question, qui est revenue tout au long du séminaire, est l'activité politique au sein de l'université. Les participants ont été d'accord pour dire que la tenue des assemblées générales et de conférences-débats politiques est une activité qui fait partie de la vie de l'université : «On peut faire de la politique, mais dans un cadre de tolérance, pour éviter la violence, qui vise à imposer des positions partisanes.» Le Pr Dahmani dira qu'il faut mettre l'université à l?abri des idéologies des partis politiques et éviter l'instrumentalisation d'une catégorie d'étudiants pour perturber son fonctionnement. Un problème dont a eu à souffrir grandement l'université de Tizi Ouzou pendant plusieurs années, où l'activité pédagogique a été sensiblement perturbée avant de retrouver une certaine stabilité ces dernières années.