Cérémonie n Pour la première fois depuis le début de la deuxième Intifada en 2000, l'esprit de Noël est revenu souffler sur Bethléem. Plus de 30 000 visiteurs du monde entier affluaient samedi vers le lieu de naissance de Jésus. Ils étaient des milliers, malgré la pluie et le vent, rassemblés sur la place de la Nativité pour saluer l'arrivée du patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah, chef de l'église catholique de Terre Sainte. Mgr Sabbah a commencé par dénoncer le barrage militaire israélien à l'entrée de Bethléem. «Personne n'a besoin de barrages en Terre Sainte. Ceci est la Terre sainte, et devrait être traitée comme une zone sacrée», a-t-il déclaré. «Nous souhaitons que cette route reste ouverte, pour que tous les pèlerins chrétiens puissent venir, chaque jour de l'année, chaque année». Israël a, en effet, simplement allégé les restrictions au point de passage menant à Bethléem. Et les sinistres panneaux de ciment gris, hauts de huit mètres, de la «barrière de séparation», rappellent le conflit : ce «mur», censé protéger Israël des incursions meurtrières venues de Cisjordanie, coupe Bethléem en deux, empêchant notamment les pèlerins d'entrer dans la cité par la route qu'auraient empruntée Joseph et Marie. Dans un discours, Mgr Sabbah a ensuite expliqué que les Palestiniens «cherchent un pont vers la paix au lieu des murs israéliens. Malheureusement, Israël continue sa politique de destruction et de transformation de notre terre en immense prison». Pourtant, le retrait israélien de la bande de Gaza en été et la baisse des violences donnaient cette année une tonalité véritablement festive à ce Noël. De la musique résonnait dans les rues décorées de guirlandes et de drapeaux palestiniens, avant la procession menée par Mgr Sabbah, de nombreux pèlerins se recueillaient sur les lieux où, selon la tradition, Jésus a vu le jour. Ils doivent être cette année plus de 30 000 d'après le ministre palestinien du Tourisme, Ziad Bandak, qui précise que 70% des 5 000 chambres d'hôtel de la ville sont réservées. Après avoir accueilli des foules considérables pour Noël lors du boom des années 1990, Bethléem a ensuite été désertée après 2000, la vie y est devenue sinistre, entre Intifada, siège militaire et affrontements sanglants. Chaque année, la question était posée : Yasser Arafat serait-il autorisé à venir à Bethléem ? Et quasiment chaque année, il restait assiégé dans son quartier général de Ramallah. Cette année, le successeur d'Arafat, Mahmoud Abbas, élu en janvier, est arrivé dans la cité cisjordanienne pour son premier Noël à la tête des Palestiniens. De son côté, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a souhaité un bon Noël aux chrétiens de la Terre Sainte.