On a fait de Noël une fête de la consommation. Rien n'est plus étranger à l'événement qui est célébré ce jour-là. L'enfant Jésus qui naît à Noël vient au monde dans un abri de fortune. Sa naissance n'est saluée que par des gens simples, les bergers du voisinage. Si Marie, sa mère, doit accoucher loin de la maison familiale, c'est — nous dit la tradition — parce que des mesures administratives prises par le pouvoir romain l'ont éloignée de son village familial à Nazareth. On est obligé de donner à l'enfant, comme berceau, une “mangeoire” d'animaux, parce que “ses parents n'ont pas trouvé de place à l'hôtellerie”. Nous sommes bien loin des fêtes de la consommation qu'organisent les sociétés du Nord. Noël devrait être une fête avec les pauvres et les exclus et non un gaspillage pour riches. Revenons au sens spirituel de cette fête pour en faire aujourd'hui notre profit. Les juifs de l'époque de Jésus attendaient un “Messie” qui devait instaurer une ère de justice et de paix. C'est ce message-là que nous voulons recevoir à Noël. L'Ecriture place sur le berceau de Jésus cette conviction de la foi : “Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime.” Comme tout messager de Dieu, Jésus vient apporter un message de joie et de paix. C'est d'ailleurs le seul message qui puisse glorifier Dieu. La fête spirituelle de Noël, c'est celle qui réunit d'abord les croyants dans la prière, puis les rassemble ensuite autour de la table familiale pour partager la joie d'être ensemble — comme pour un f'tour — et se donner ensuite les cadeaux de la joie partagée, comme on se donne les gâteaux de la fête. Mais cela ne suffit pas. Puisque les temps du “Messie” doivent être ceux de la paix et de la justice, il n'y a pas de célébration de Noël sans solidarité avec ceux qui souffrent de la violence, de la faim, de la pauvreté, du dénuement, de la négation de leurs droits, avec ceux qui n'ont même pas un abri digne pour rassembler leur famille et leur donner une part de joie. Nous voulons élargir nos solidarités avec ceux qui, en Algérie, connaissent ces épreuves. C'est pourquoi il nous est impossible aussi d'oublier nos frères et sœurs de Palestine ou d'Irak. Les chrétiens palestiniens n'auront même pas le droit de célébrer Noël dans la ville de Bethléem où Jésus est né et le monde entier vit dans l'angoisse de la guerre à cause des menaces contre l'Irak. Comment célébrer un “Messie de la paix et de la justice” sans chercher que faire pour soutenir la cause de ceux qui souffrent du désordre actuel des relations internationales. “Paix aux hommes que Dieu aime.” H. T.