Exploit n C?est l?histoire d?un jeu de lettres créé par un Algérien qui avait tout pour mettre le Scrabble définitivement au placard. Toutefois, le conte de fées s?est transformé en cauchemar qui a trop duré. Créé en 1980 par Abdallah Chabani, un vieux routier en études graphiques et publicitaires, ce jeu a été primé lors du Salon international des inventions de Genève en 1997. Il a également reçu une distinction (médaille de bronze au Concours Lépine 1996). Lors de ces deux manifestations, les visiteurs, notamment les spécialistes en jeux de société, n?ont pas tari d?éloges sur cette «impressionnante découverte» tel que mentionné sur le Livre d?or qu?exhibe M. Chabani. «Sans doute un futur classique», «le Scrabble a des soucis à se faire», «il n?arrive même pas à la cheville du Phenix» sont autant de commentaires qui prédisaient un avenir radieux à ce jeu et à son créateur, cet Algérien qui l?a conçu en six mois. Toutefois, le jeu bien que séduisant à l?étranger, ne trouvera pas son bonheur en Algérie. «Son prix jugé excessif par l?Algérien et le bas niveau intellectuel en sont la raison», déplorera M. Chabani. Il expliquera cependant que les taxes y sont pour quelque chose. «J?ai dû payer 212 millions de centimes», précisera-t-il. Obligé de le vendre à perte, le jeu passera de plus de 2 250 DA à 1 000, mais il ne prendra toujours pas son envol. Et comme un malheur ne vient jamais seul, le créateur du Phenix découvre qu?un jeu similaire au sien est commercialisé en France sous un autre nom, «Takemo». Des poursuites judiciaires seront engagées par M. Chabani auprès des autorités compétentes, pour être débouté trois fois de suite et ce bien qu?un conseiller en propriété industrielle et spécialiste en brevets européens eût déclaré le Takemo, officiellement produit de plagiat caractérisé. M. Chabani déplore, de son côté, le parti pris des autorités hexagonales pour leur ressortissant. Frappant à toutes les portes de part et d?autre de la Méditerranée, il ne trouve pas d?écho favorable à son SOS. «Il me reste la grève de la faim pour crier haut et fort à l?injustice», dira-t-il. Pendant ce temps, le Takemo, se vend toujours. Le Phenix, de son côté, est stocké dans un hangar. Plus de 9 000 exemplaires cherchent la reconnaissance.