InfoSoir : Quelle évaluation faites-vous de la gestion des ressources humaines en Algérie ? Y a-t-il une différence entre entreprises publiques et privées ? ll Mohamed Sadeg : Il faut dire que l?importance accordée à la gestion et à la valorisation des ressources humaines en Algérie, a accusé un retard considérable par rapport aux Occidentaux, notamment. Cela dit, la gestion des ressources humaines comprend des tâches essentielles, à savoir la planification, la sélection, le recrutement et enfin l?évaluation du rendement et la rémunération. Chez nous, rares sont les responsables qui respectent ce cheminement exigé par la science et la logique. Le recrutement dans les entreprises publiques se fait de manière anarchique et les conditions de travail n?encouragent guère l?évolution des compétences. Les sociétés privées, conscientes du rôle primordial de la régie rationnelle de l?élément humain, accordent une grande importance à la question. Quelles sont les répercussions de la dévalorisation des ressources humaines sur la productivité de l?entreprise ? ll La motivation et la valorisation constituent le pilier de la performance de la ressource humaine. Lorsque l?employé se sent insatisfait de son traitement dans son cadre de travail, il cherche à «sanctionner» cette entreprise de toutes les manières. La rémunération est considérée par les experts comme un «facteur d?hygiène». C?est un élément capital de gratification. Cependant, les facteurs de motivation diffèrent d?une personne à une autre, dépendant du poste occupé et des aspirations individuelles. Aux Etats-Unis, les chercheurs ont effectué des milliers d?études en vue de déterminer les éléments stimulant la performance des ressources humaines, génératrices de richesse et décisives pour le succès de l?entreprise. Les dirigeants des entreprises algériennes s?intéressent-ils à des formations en gestion des ressources humaines ? ll Il y a eu un éveil considérable ces dernières années. Les responsables des entreprises publiques et privées s?intéressent de plus en plus à comprendre les éléments définissant la prospérité des firmes. Notre institut a lancé, depuis 1998, une formation au profit des responsables d?entreprises, en collaboration avec l?université du Québec à Montréal ; il s?agit du MBA (Management Business Administration). Nous avons formé plus de 330 cadres supérieurs en management et nous en sommes actuellement à la onzième promotion. Certains d?entre eux ont obtenu des promotions au sein de leurs entreprises, alors que d?autres ont été recrutés par des multinationales aussi bien en Algérie qu?à l?étranger. Certains analystes estiment que la dépréciation de l?élément humain constitue l?une des principales causes de la faillite des entreprises publiques. Qu?en pensez-vous ? ll Effectivement, la négligence des compétences a ruiné les sociétés étatiques. Les salaires inadéquats aux compétences et à la contribution des employés, l?absence de formation continue et surtout l?injustice dans la promotion a engendré des comportements destructifs tels que l?absentéisme, la destruction du matériel et d?autres man?uvres visant à détruire l?entreprise. Nos responsables confondent entre l?ancienneté et l?expérience, alors que le rendement doit constituer le seul critère d?évaluation. Parlez-nous de la contribution et de l?expérience de votre institut dans la formation des cadres supérieurs et des jeunes ll En collaboration avec des universités étrangères, notre institut forme des techniciens supérieurs en gestion des entreprises, en informatique de gestion, des ingénieurs d?affaires, des commerciaux? Nous assurons des formations en comptabilité et finances destinées aux jeunes, ainsi que des formations en gestion des ressources humaines au profit des cadres supérieurs et responsables d?entreprises. Nous sommes également sollicités par les opérateurs privés pour la formation de leurs employés et pour les conseiller en matière de recrutement et de gestion du personnel. (*) Directeur général de l?Institut international de management (Insim).