Résumé de la 16e partie n Sondra, revenue à New York au bout de 7 ans, est désespérée. Elle ne sait comment retrouver sa petite fille abandonnée à cette époque-là. Son talent lui avait valu une bourse à l'université de Birmingham, et c'est là, au cours du printemps de la première année, qu'elle avait rencontré Anthony del Tore, un pianiste qui avait été invité à donner un concert sur le campus. Ce qui s'ensuivit fut à la fois merveilleux et déchirant. Comment aurais-je pu avouer à grand-père que j'avais une liaison avec un homme marié ? Il m'était impossible de garder l'enfant. Nous n'avions pas d'argent pour payer une nounou. Il me restait encore de longues années d'études devant moi. Et ensuite, si je lui avais avoué la vérité, il en aurait eu le c?ur brisé. Tandis que le taxi avançait lentement au milieu des encombrements, Sondra se remémora les moments douloureux qu'elle avait vécus. Elle avait économisé suffisamment d'argent pour venir à New York, avait réservé une chambre dans un hôtel bon marché le 30 novembre, acheté les vêtements de bébé, les couches, les biberons, le lait en poudre et la poussette. Elle avait repéré l'hôpital le plus proche de son hôtel, avec l'intention de se rendre aux urgences dès les premières contractions. Naturellement, elle avait prévu de donner un faux nom et une fausse adresse. Mais le bébé était arrivé si vite, le 3 décembre ; elle n'avait pas eu le temps d'aller à l'hôpital. C'est au tout début de sa grossesse qu'elle avait décidé de laisser le bébé à New York. Elle aimait tellement cette ville. Dès sa première visite en compagnie de son grand-père, elle avait su qu'un jour elle vivrait à Manhattan. Elle s'y était immédiatement sentie chez elle. Lors de ce même séjour, son grand-père l'avait emmenée à St-Clément, la paroisse qu'il avait fréquentée durant son enfance. «Chaque fois que je désirais obtenir une faveur, je m'agenouillais sur le banc près du portrait de Mgr Santori et de son calice, lui avait-il raconté. J'avais l'impression qu'il veillait sur moi. Sondra, c'est là que je suis venu le jour où j'ai compris qu'il n'y avait plus d'espoir de guérison, que mes doigts seraient à jamais paralysés par l'arthrite. Je n'ai jamais été aussi proche du désespoir.» Les jours précédant la naissance du bébé, Sondra s'était souvent introduite furtivement dans l'église de St-Clément ; chaque fois, elle s'était agenouillée sur ce même banc, observant les prêtres qui allaient et venaient. Elle avait noté la bonté inscrite sur le visage du père Ferris et compris qu'elle pourrait lui faire confiance, qu'il saurait trouver un foyer pour son bébé. Où est ma petite fille, à présent ? se demanda-t-elle, accablée par le chagrin. Elle était au désespoir depuis la veille. Dès son arrivée à l'hôtel, elle avait téléphoné au presbytère et prétendu être une journaliste chargée d'enquêter sur l'histoire du bébé qui avait été abandonné sur le perron du presbytère le 3 décembre, sept ans auparavant. La stupéfaction dans la voix de son interlocuteur laissait augurer de ce qui allait suivre. «Un bébé abandonné devant St-Clément ? Je crains fort que vous ne fassiez erreur. Je suis ici depuis vingt ans, et rien de semblable n'est jamais arrivé.» (à suivre...)