Résumé de la 39e partie n Sondra, si rassurée par Alvirah qu?elle ne connaît pourtant pas, s?apprête à lui raconter toute son histoire. Vingt minutes plus tard, Alvirah déclara d'un ton ferme : «A présent, écoutez-moi, Sondra. En premier lieu, cessez de vous culpabiliser. Cette histoire s'est passée il y a sept ans ; vous n'étiez qu'une gosse. Vous n'avez pas de mère. Vous vous sentiez responsable de votre conduite devant votre grand-père. Vous avez eu votre bébé toute seule, vous avez tout organisé toute seule et vous vous en êtes bien sortie. Vous avez acheté les vêtements, les biberons et le lait et fait des économies pour que l'enfant naisse à New York, en pensant que vous viendriez y vivre vous-même. Vous avez habillé et placé le bébé au chaud et en sécurité dans une poussette, sur le perron du presbytère. Et vous avez choisi cette église où était venu se réfugier votre grand-père lorsqu'il avait appris qu'il lui faudrait renoncer à sa carrière de violoniste. Vous avez téléphoné au presbytère moins de cinq minutes plus tard, puis vous avez cru que quelqu'un avait trouvé votre bébé à l'endroit où vous l'avez laissé. ? C'est vrai, dit Sondra, mais supposez que des gamins aient emmené la poussette ailleurs pour s'amuser. Supposez que le bébé soit mort de froid et qu'en le découvrant, craignant d'être accusés... Supposez... ? Supposez plutôt que de braves gens l'aient trouvé et qu'il soit aujourd'hui la joie de leur existence», dit à son tour Alvirah avec une conviction qu'elle ne ressentait pas. Des gens honnêtes auraient certainement prévenu la police, et ensuite seulement ils auraient fait les démarches pour l'adopter, pensa-t-elle. lIs n'auraient pas gardé le silence pendant toutes ces années. «Je n'en demande pas plus, dit Sondra. Je n'en mérite pas plus, car je ne sas pas... ? Vous méritez beaucoup plus que vous ne le croyez. Accordez-vous un peu d'indulgence, répliqua vivement Alvirah. Désormais, vous devez penser à votre répétition et au concert que vous allez offrir à tous les mélomanes de New York. Laissez-moi me charger de l'enquête.» Spontanément, elle ajouta : «Sondra, savez-vous que vous êtes ravissante quand vous souriez ? Il faut sourire plus souvent, croyez-moi.» En buvant une deuxième tasse de thé, elle écouta Sondra se confier à elle. «Imaginez ce qu'était la charge d'une petite fille de dix ans pour mon pauvre grand-père, un homme seul, critique musical et professeur de musique, dit Sondra avec un sourire pensif. Il vivait dans un agréable trois-pièces sur le lac Michigan, à Chicago, et il n'avait pas les moyens de prendre un appartement plus grand. Qu'a-t-il fait lorsque vous êtes arrivée dans sa vie ? ? Il a changé toutes ses habitudes pour moi. Il a transformé son bureau en chambre à coucher et m'a donné son ancienne chambre. Lorsqu'il sortait, il engageait quelqu'un pour s'occuper de moi. Je dois ajouter que grand-père adorait sortir, dîner avec des amis, se rendre au concert. Pour moi, il s'est privé de bien des choses. ? Vous recommencez à vous culpabiliser, l?interrompit Alvirah. Je suis certaine qu'il se sentait seul avant votre arrivée. Je suis certaine qu'il a été très heureux de vous avoir à ses côtés.» Le sourire de Sondra s'épanouit. «Peut-être, mais en échange, il a perdu sa liberté d'aller et de venir à sa guise, il a renoncé à plusieurs petits avantages dont il profitait.» Le sourire s'évanouit. «J'espère lui avoir donné une certaine compensation. Je suis devenue une bonne musicienne, une bonne violoniste. ? Bravo ! dit Alvirah. Enfin vous dites quelque chose de positif à votre sujet !» (à suivre...)