Résumé de la 15e partie n En sortant de chez Cordélia, Alvirah, qui se sent mal à l?aise par rapport aux Baker, aperçoit une femme seule debout en face du presbytère. Le père Ferris hocha la tête. «Je l'ai déjà vue au même endroit hier, et elle a assisté à la première messe ce matin. Je me suis approché d'elle avant qu'elle parte et lui ai demandé si je pouvais lui être utile à quelque chose. Elle a seulement secoué la tête et s'est pratiquement enfuie. Si elle a un problème dont elle désire parler, je crois préférable qu'elle vienne me trouver de son propre gré.» D'un geste apaisant, Willy posa une main sur le bras d'Alvirah. «N'oublie pas que nous sommes attendus au foyer pour aider Cordélia à préparer la fête de Noël, lui rappela-t-il. ? En clair, occupe-toi de ce qui te regarde. Entendu, je suppose que tu as raison», admit Alvirah avec bonne humeur. Elle ne put s'empêcher de jeter à nouveau un coup d'?il de l'autre côté de la rue. La jeune femme s'éloignait d'un pas rapide, en direction de l'ouest. Alvirah plissa les yeux afin de mieux distinguer son profil classique que soulignait un port décidé. «Elle me rappelle quelqu'un, fit-elle d'un ton catégorique. Je me demande qui.» Ils parlent de moi, se dit Sondra en s'éloignant à la hâte. Le petit immeuble devant lequel elle s'était arrêtée n'était plus en travaux comme autrefois. Il n?y avait aucun échafaudage derrière lequel s'abriter aujourd'hui tandis qu'elle réfléchissait, hésitante, incapable de prendre une décision. Mais quelle décision ? Que pouvait-elle faire ? Certes pas effacer le moment où, sept ans plus tôt, elle avait traversé la chaussée, déplié la voiture d'enfant et abandonné son bébé sur le perron du presbytère. Si seulement. Si seulement... Mon Dieu, vers qui me tourner ? Qu'est-il advenu d'elle ? Qui a pris ma petite fille ? Elle refoula ses larmes. Un taxi inoccupé était bloqué dans les encombrements. Elle leva la main pour héler le chauffeur. «Le Wyndham, 58e Rue, entre la Cinquième et la Sixième, dit-elle en s'engouffrant à l'arrière. ? Première visite à New York ? demanda le chauffeur. ? Non.» Mais je n'y suis pas revenue depuis sept ans, pensa-t-elle. Elle avait douze ans la première fois. Son grand-père l'avait accompagnée depuis Chicago pour assister à un concert de Midori, à Carnegie Hall. Par la suite, ils étaient venus l'entendre à nouveau à deux reprises. «Un jour, tu monteras sur cette scène, lui avait-il promis. Tu es douée. Tu peux obtenir le même succès qu'elle.» L'arthrite ayant mis fin prématurément à sa carrière de violoniste, son grand-père avait gagné sa vie comme professeur de musique et critique. Et il a subvenu à mes besoins, pensa tristement Sondra, il m'a accueillie chez lui alors qu'il avait déjà soixante ans. Elle n'avait que dix ans le jour où ses parents avaient été tués dans un accident. Grand-père s'est consacré à moi, m'enseignant tout ce qu'il savait sur le plan musical, se souvient-elle. Et il dépensait ses économies pour m'emmener écouter les plus grands violonistes. (à suivre...)