Résumé de la 57e partie n Le grand-père de Sondra, venu assister à son concert, semble assez fort pour supporter le choc qu?elle lui réserve. Quand il vint l'entendre travailler le lendemain, elle vit à son expression qu'il était désappointé. Elle répétait une sonate de Beethoven et, bien qu'elle fît preuve d'une remarquable technique, elle se rendait bien compte qu'il n'y avait ni feu ni passion dans son interprétation. Et elle savait que son grand-père en était aussi conscient qu'elle. A la fin du morceau, il haussa les épaules. «Tu maîtrises parfaitement toutes les difficultés ; rien à redire. Mais tu as toujours montré une certaine retenue dans ton jeu. Pourquoi, je l'ignore. Et maintenant tu ne te laisses plus du tout aller.» Il la regarda sévèrement. «Sondra, continue ainsi et tu disparaîtras de la scène musicale aussi vite que tu y es apparue, comme ça !» Il accompagna ces derniers mots d'un claquement de doigts. «Que se passe-t-il ? Tu restes sur la réserve avec l'homme qui t'aime et que tu aimes aussi, si j'en crois mon intuition. Tu te montres toujours réticente à mon égard. J'ignore pourquoi, mais je l'ai toujours senti. N'y a-t-il donc rien qui t'atteigne ?» Avec un haussement d'épaules résigné, il pivota sur lui-même et se dirigea vers la sortie du studio. «Je suis la mère du bébé qui a été abandonné à St-Clement», lui cria-t-elle. Il s'immobilisa et fit demi-tour, l'air à la fois stupéfait et complètement bouleversé. Le visage figé, la voix monocorde, Sondra lui raconta toute l'histoire. Les mots jaillissaient de sa bouche presque malgré elle. Quand elle eut fini, il y il eut un long silence. Puis Peter Lewis hocha la tête. «C'était donc ça. Et si je comprends bien, tu me rends responsable de cet abandon. Peut-être as-tu raison, ou peut-être pas... Là n'est pas la question. En tout cas, nous allons remuer ciel et terre pour retrouver cet enfant. Et nous en parIerons à Gary ; il peut nous aider. S'il ne comprend pas, tant pis pour lui, c'est qu'il n'est pas digne de toi. Maintenant...» Il saisit le violon de Sondra et le lui mit entre les mains. «Maintenant, joue avec tout ton c?ur pour l'enfant que tu cherches à retrouver.» Sondra cala l'instrument sous son menton et leva son archet. Quand elle s'abandonnait à son imagination, elle croyait voir sa petite fille. Mais dans la réalité, avait-elle les cheveux du même blond qu'elle, ou bruns et soyeux comme ceux de son père ? Et ses yeux, étaient-ils marron comme les siens ou noisette ? Sa relation avec cet homme avait été si brève et il avait si peu compté pour elle, mais il lui avait donné un enfant. Je suis sûre qu'elle me ressemble, décida Sondra. Elle a sept ans et elle a sûrement la fibre musicale, imagina-t-elle en posant l'archet sur les cordes. Je la sens près de moi. Elle sait que je l'aime. Oubliant la présence de son grand-père, Sondra se mit à jouer. Je ne lui ai jamais donné de nom. Comment l'aurais-je appelée ? Quel nom lui donnais-je au fond de mon c?ur ? Elle chercha en vain la réponse. Lorsque les dernières notes s'éteignirent, son grand-père attendit un long moment avant de faire un signe d'approbation. «Bien. A présent tu es mûre pour devenir une vraie musicienne. Tu montres encore un peu trop de retenue, mais c?était infiniment mieux. Tu seras bissée. Quel morceau as-tu choisi ?» Sondra ignorait ce qu?elle allait répondre jusqu?à ce qu?elle s?entende dire : «Un simple air de Noël, En cette longue nuit.» (à suivre...)