Témoignages n Les commerçants de la localité se disent ruinés par l?ouverture à la circulation d?un tronçon de l?autoroute Est-Ouest. Les affaires marchent mal depuis un moment pour Rabah, gérant d?un restaurant à Kadiria. L?activité, dit-il, a baissé de 60% environ. La cause en est, bien évidemment, l?autoroute Est-Ouest, souligne-t-il. «En tant que croyants, nous pensons que c?est Dieu qui fait vivre les gens. Mais il faut dire aussi que la RN5 permettait à bien des personnes de gagner leur vie», ajoute-t-il avant qu?un de ses employés, un jeune homme d?une vingtaine d?années, n?intervienne pour affirmer : «Avant que l?autoroute ne soit ouverte à la circulation, on travaillait en deux équipes de quatre employés chacune, l?une le matin et l?autre le soir tellement on avait de clients. Maintenant, on travaille à trois du matin au soir et on arrive facilement à s?en sortir.» Et à Rabah de reprendre la parole pour souligner que quatre restaurateurs et un boulanger ont fermé boutique, ces derniers mois. «Du siège de l?APC à la station-service située à l?entrée de la ville, soit sur une distance de 30 mètres environ, pas moins de 11 commerces ont fermé», dira, pour sa part, Saïd, gérant d?un magasin d?alimentation générale. Lui aussi se plaint de la baisse de l?activité commerciale. «Avant, je n?avais même pas le temps de faire mes prières tellement les clients étaient nombreux. Mais aujourd?hui, outre mes prières, je fais mes emplettes et même la sieste tout en étant certain de ne pas rater un seul client», dit-il non sans faire remarquer qu?«il n?y a plus d?étrangers qui viennent faire leurs achats ici, mes clients se comptent parmi les habitants de Kadiria et ses environs». Et d?ajouter : «Depuis un moment, je ne mets pas un sou de côté. Et pourtant le local que j?exploite m?appartient.» De l?avis de Saïd, boulanger de son état, le commerce est mort à Kadiria. «En ce qui nous concerne, on vendait facilement jusqu?à 6 200 baguettes de pain par jour, alors qu?aujourd?hui, nous arrivons à peine à en écouler la moitié.» De son côté, Moh, qui tient un magasin de poulets, fait remarquer que «les commerçants de Kadiria ont coulé. C?est du moins mon cas. Figurez-vous que par le passé, je vendais jusqu?à 150 poulets par jour, alors qu?aujourd?hui, j?en écoule à peine une trentaine ou une quarantaine au grand maximum.» Comme Moh, Larbi, 42 ans, gérant d?un café maure, se dit ruiné par l?autoroute Est-Ouest. «On travaille avec courage (?) Comme vous voyez, je travaille avec mon frère du matin au soir, car on n?a pas les moyens de recruter un autre employé.» «A présent, nos clients, des habitants de la région pour la plupart, ne peuvent se permettre ce que se permettaient les voyageurs qui passaient par ici il y a quelques mois encore. Dommage, vraiment dommage», conclut-il.