Réalité n Un, deux, trois véhicules et la route est de nouveau vide ! La RN5, qui traverse Kadiria sur un kilomètre environ, n?est plus fréquentée comme elle l?était il y a encore quelques mois. Pas plus que la ville ! La rue principale, d?habitude animée du matin au soir, est presque déserte. «Et il n?est que 10 heures du matin. L?après-midi et le soir, c?est pire, Kadiria ressemble à un no man?s land», nous informe un jeune rencontré à l?entrée de la ville. De part et d?autre de la chaussée, quelques véhicules sont stationnés. Ce qui était inimaginable il y a quelques années. «Cela aurait créé d?énormes bouchons tellement la RN5 qui traverse la ville était fréquentée. Kadiria était le passage obligé pour des milliers de véhicules et de voyageurs quotidiennement», explique-t-on. La phrase revient sur toutes les lèvres ici : Kadiria a été tuée par l?autoroute Est-Ouest ! «Autant la RN5 avait désenclavé notre localité, autant l?autoroute Est-Ouest l?a enclavée de nouveau», regrette un habitant. C?est que cette petite ville, dépourvue de toute infrastructure industrielle, vivait grâce à la RN5, de l?avis de ses habitants. Pour ceux qui ne la connaissent pas, Kadiria est une succession de commerces qui ont vu le jour à la faveur du passage de la RN5 par la ville. Aujourd?hui, des nombreux restaurants, cafés maures et autres magasins d?alimentation générale qui avaient ouvert, il ne reste plus que quelques-uns. Beaucoup de locaux vides cherchent désespérément preneurs, qui ne se bousculent pas au portillon. Pourtant, les prix de la location ont chuté ces derniers temps. A 5 000 DA le local, les propriétaires ne trouvent pas de clients. Même quand ils les trouvent, ils sont souvent obligés de leur accorder mille et un privilèges au risque de les voir «chercher mieux ailleurs». «Changement de local à 20 mètres, merci !», peut-on lire sur une pancarte accrochée au rideau d?un local désormais vide. A quelques mètres seulement de là, une autre affiche indique que le local est à vendre. Les temps ont bien changé à Kadiria. Si la situation sécuritaire s?est nettement améliorée ces dernières années grâce aux efforts des services de sécurité, tous corps confondus, la vie est devenue plus difficile pour les habitants depuis que ce «maudit» tronçon de l?autoroute Est-Ouest qui traverse la commune a été ouvert à la circulation. «Notre localité a héroïquement fait face au terrorisme, mais je ne pense pas qu?elle résistera à l?autoroute Est-Ouest», conclut, dépité, le propriétaire d?un magasin d?alimentation générale.