Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, a effectué, hier, une visite « inopinée » dans trois résidences universitaires situées dans la capitale et ce pour s'enquérir sur place des dispositions prises au profit des étudiants résidents dans le cadre du mois sacré. La première escale du responsable du secteur était la cité universitaire Belarbi de Bab Ezzouar. Sur place, M. Harraoubia n'était accueilli par aucun responsable, il demanda au gardien de lui ouvrir la porte menant vers le restaurant. Une fois à l'intérieur, le ministre a inspecté tout le matériel de base utilisé pour la préparation des repas. Au même moment, le directeur régional, appelé en urgence, arrive auprès du ministre et le guide dans sa visite. Tout est impeccable, le parterre propre, les employés travaillant au sein de la cantine étaient tous et toutes en blouse blanche très propre dont le dos était frappé de « Résidence Belarbi de Bab Ezzouar ». Le ministre a insisté sur le fait que personne n'était au courant de cette visite. Toutefois, les employés n'ont pas omis de nous faire remarquer que les blouses blanches leur ont été distribuées pour la circonstance. « Je n'ai pas peur de dire ce que je pense, nous avons été, d'une manière discrète, informés de la venue du ministre. Nous avons même bénéficié d'un tablier neuf et c'est tant mieux. Il reste que durant le mois de Ramadhan le menu est généralement consistant », nous dira un des cuisiniers. Le chargé de communication qui a accompagné le ministre a tenu à nous préciser que les tabliers étaient neufs parce que la rentrée venait juste d'avoir lieu. « L'année dernière et durant la même période, le ministre a inspecté les résidences universitaires et elles étaient dans un état lamentable. Aujourd'hui, ceci est satisfaisant, car il y a une amélioration et l'endroit est potable »,s'est-il défendu. 1005 étudiants se sont déjà installés dans la cité qui contient 1016 chambres. Ces dernières sont occupées par deux à trois étudiants. Rencontrés loin du restaurant, certains étudiants se sont plaints des odeurs nauséabondes qui se dégagent des sanitaires situés dans les différents bâtiments, d'autres estiment que la bâtisse nécessite un coup de peinture. En outre et dans la même résidence, M. Harraoubia a visité l'unité médicale préventive et a qualifié de très important le fait qu'il y avait cinq médecins au sein de cette structure. Deuxième escale, la résidence des filles de Dély Ibrahim 2. Le ministre a inspecté les mêmes endroits que la cité précédente. Deux étudiantes sortant d'un taxiphone installé pas loin de la cantine ont saisi l'occasion pour exprimer leurs préoccupations au ministre. Celles-ci avouent qu'il était dur pour un étudiant de suivre des études avec un ventre creux. « Il nous arrive de rester plus de deux heures dans la queue pour bénéficier d'une ration alimentaire. Je considère cela comme une perte de temps », dira-t-elle en suggérant l'ouverture d'une cantine au niveau de la cité de Dély Ibrahim 1. Le ministre a promis de régler ce problème. Par ailleurs, au niveau de la cité des filles de Ben Aknoun, le ministre a été accueilli par une longue file de jeunes filles faisant la chaîne pour récupérer leur nourriture. Le ministre respecte son programme, il a inspecté la cuisine pendant que les étudiantes se plaignaient du menu de la veille. « Nous avons fait la queue dès 14h, nous avons eu comme menu du jour une chorba et des olives. Ce dernier plat était infecte et la plupart des étudiantes ont eu des douleurs à l'estomac. Le comble est que les retardataires, celles qui arrivent aux environs de 16h, n'ont même pas le droit à une baguette de pain. Lorsqu'on vient à 14h, on a droit à un repas que nous consommons à 18h30 très froid. Il reste que nous n'avons pas le choix, les étudiantes qui ont les moyens de préparer leur repas dans leurs chambres sont chanceuses. Par contre, celles qui ne peuvent pas, se contentent des plats de la cité », dira-t-elle. En quittant la cité, une fille a compris pourquoi le repas était plus ou moins amélioré par rapport aux autres jours... « Le ministre est ici. »