Résumé de la 1re partie n Ahmed, un émigré, est revenu au pays avec sa femme, d?origine européenne, et son fils. Il a racheté une auberge qu?il a l?intention de rénover. Elle a raison, Anne-Marie, l?auberge n?est pas du tout présentable dans l?état où elle est : elle a besoin d?être rafistolée et le plus vite possible s?il veut ouvrir. L?été, la saison où on travaille le plus dans sa nouvelle activité, approche? Le cousin Omar ? en fait c?est le fils d?un cousin ? s?il est libre, prendra en charge les travaux. Il ne le connaît pas puisqu?il a toujours vécu au pays alors que lui a toujours vécu en France, mais il connaît bien son père, vieil émigré comme lui et il lui a toujours vanté les qualités de son fils. «Il sait tout faire, ce garçon : construire, peindre, réparer, poser la faïence, et il fait du bon travail.» Il faut seulement espérer qu?il est toujours au village et qu?il est libre. Mais Ahmed sait que, par les temps qui courent, beaucoup de jeunes gens sont au chômage? ? Nous allons chercher Omar, dit Ahmed à sa femme, nous en profiterons pour passer quelques jours au village ! Cela te permettra de découvrir ma famille. Il n?a pas encore emmené sa femme et son fils au village. A l?arrivée, ils ont séjourné quelques jours à Alger, le temps qu?Ahmed règle l?affaire de l?auberge, puis ils se sont installés à l?auberge. Autant Alger a plu à Anne-Marie, autant le coin où son mari s?est installé lui déplaît. Elle trouve l?auberge laide et sale et la région, bien que boisée, très ennuyeuse. Le bourg le plus proche est à cinq kilomètres de là et, apparemment, il est, lui aussi, ennuyeux avec ses maisons carrées et ses commerces sans âme? A quarante ans, c?est encore une belle femme, fine et élégante, avec de grands yeux expressifs et des goûts délicats. Elle a longtemps hésité avant de se décider à suivre son époux dans son pays, mais Ahmed lui en a fait un tableau si agréable qu?elle a fini par céder. Et puis, elle s?est dit que le climat algérien, surtout celui de la région où il va habiter, à 150 km d?Alger, conviendrait mieux que celui de Lyon où elle souffrait de son allergie respiratoire. Ahmed a promis que si elle s?y déplaisait, il revendrait l?affaire et ils iraient vivre à Alger, à moins qu?elle ne préfère retourner en France. De toute façon, la vie n?était guère meilleure là-bas : la supérette que le couple gérait périclitait, fortement concurrencée par le supermarché du quartier, au point de mourir. Ici au moins, on peut espérer se faire un peu d?argent, du moins vivre à l?aise. Les deux époux sont accompagnés de leur fils aîné, Mourad, un garçon d?une vingtaine d?années, un retardé mental. Lui, on ne sait pas s?il se plaît au pays de son père : parlant à peine, il passe son temps à s?occuper de ses oiseaux et à feuilleter des livres d?images. Mais apparemment, il ne semble pas mécontent d?avoir une grande chambre et un jardin. Il semble même à Ahmed que depuis qu?il est en Algérie, il a pris du poids et des couleurs, lui qui était tout le temps maladif à Lyon. Ahmed, lui, se sent très bien ici : après tout, il est dans son pays ! Ici au moins, il ne passera plus pour «l?épicier arabe» qu?on épiait toujours du coin de l??il? Et tant pis s?il ne s?enrichit pas, au moins il vivra dans la dignité ! Quant à sa femme et à son fils, ils finiront par s?habituer à leur nouvelle vie et à leur tour, ils l?aimeront ! (à suivre...)