InfoSoir : Quel impact pourraient avoir les jeux vidéo sur l?être humain ? Le Pr Kacha : Les jeux vidéo deviennent un problème lorsque l?individu est dans l?incapacité de se passer de la chose. De plus, il ne faut pas comparer les enfants que nous étions avec les nouvelles générations. Avec les progrès technologiques qui complexifient le fonctionnement intellectuel du cerveau, le jeu est une bonne chose en soi pour l?apprentissage technique, la précision et l?intelligence. Ces jeux vidéo peuvent-ils transformer l?individu en général et l?enfant en particulier ? C?est plus un problème de contenu que de contenant. Le contenant est l?utilisation d?un matériel technologique de haut niveau. En revanche, il est vrai que certains jeux vidéo, notamment les violents, peuvent être dangereux. Cette violence est banalisée. Cependant, il y a deux façons de voir. Dans le premier cas de figure, l?enfant a de l?agressivité en lui, il vaut mieux qu?il l?exprime dans quelque chose de virtuel. L?enfant d?aujourd?hui exprime dans le jeu, comme le faisait celui d?autrefois dans les contes et légendes, la colère envers les méchants ou l?amour envers les bons. L?enfant a besoin de cela pour son évolution. Dans le deuxième cas de figure, il s?agit d?enfant très attiré par la violence. C?est là où il y a problème. Il devient accro, il faut demander à ce moment-là de l?aide quand cela devient compulsif. Il est recommandé de consulter un psychiatre. Mais les jeux vidéo ne transforment pas l?individu, c?est quelque chose qui était déjà enfoui en lui. Le jeu est un moyen d?extérioriser cette agressivité, comme c?est aussi un moyen d?apprentissage. L?enfant s?enferme dans une bulle d?où il n?arrive pas à sortir. Il faudra l?aider et aussi consulter un pédopsychiatre qui l?orientera vers un psychologue et non la démarche inverse car c?est au pédopsychiatre de faire l?évaluation du cas. La souffrance motive la consultation, mais pas le comportement. Comment l?aider ? L?adulte doit lui offrir d?autres moyens pour s?exprimer. Tout dépend comment cela a commencé, car le risque majeur est que cet état persiste à l?âge adulte. A ce moment-là, ce n?est pas normal, c?est une compulsion excessive. Et chez l?adulte ? Chez l?adulte, c?est rare. Dans ce cas-là, c?est un adulte qui évite la confrontation avec la réalité. C?est extrêmement rare. On peut dire un pour 100 000. Vous savez, ils ne viennent pas consulter car ils ne sont pas conscients que c?est nocif pour leur équilibre. Cela devient une sorte de rituel. C?est aussi le fait que l?adulte ne veut pas ou a des difficultés à sortir de ce statut d?enfant. (*) Psychiatre à Alger