Si pour le physicien, la couleur n?est qu?une radiation lumineuse perçue par l??il, pour la plupart des gens, elle est avant tout une réalité qui empreint toutes les choses de la vie : les feuilles des arbres, le ciel, la mer, la terre, les vêtements, les objets quotidiens? En fait, les couleurs n?existent pas par elles-mêmes, elles ont toujours besoin d?un référent, c'est-à-dire d?une base matérielle pour se manifester à nos regards. Mais il n?y a pas que les supports matériels à porter des couleurs, celles-ci sont encore présentes dans le langage et les expressions. Ainsi, on dit une arme blanche pour les armes à lame, de la blanche pour l?héroïne, une peur bleue pour une peur intense, se fâcher tout rouge pour se fâcher sérieusement, rire jaune pour un rire sous contrainte, bête noire pour une personne qu?on déteste, avoir les doigts verts pour être doué pour cultiver les plantes? Dans le langage algérien, de pareilles expressions sont également nombreuses. On peut citer dhahka safra, de même sens que le français «rire jaune», kedba bayda (mensonge blanc) pour un petit mensonge, sans gravité, kahl erras (tête noire) pour une personne têtue, yeh?mar wedjhu (visage rougissant) pour pudique, etc. Sans oublier les objets dont les noms dérivent de noms de couleurs comme baydha, (?uf), littéralement «la blanche», ou encore de prénoms fournis par ces mêmes noms : Lesoued (le noir), El-Akri («la cramoisie», signe de bonne santé), Lekhdhar (le vert), etc.