InfoSoir : Est-il vrai que les cas de violence à l?égard des femmes recensés dans la wilaya de Boumerdès ont sensiblement augmenté depuis le séisme du 21 mai 2003 ? Mme S. Daoui : Oui, tout à fait. Je dois dire qu?avant le terrible tremblement de terre qui a secoué notre wilaya, le nombre de ces cas de violence était insignifiant. Cela est donc dû au séisme, n?est-ce pas ? Bien évidemment, le séisme est un événement traumatique qui laisse des traces sur les personnes. Quand on est traumatisé, on devient stressé, violent? Je dois préciser que ce ne sont pas uniquement les hommes qui sont devenus violents après le séisme, même les enfants et les femmes ont été touchés. Les femmes violentées se présentent-elles d?elles-mêmes chez vous ou est-ce vous qui allez vers elles ? Il y en a certaines qui se présentent d?elles-mêmes, mais souvent c?est nous qui allons vers elles, car nous effectuons régulièrement des visites chez les familles dans le cadre de la prise en charge psycho-sociale des sinistrés du séisme du 21 mai 2003. Dans les deux cas, les femmes ne parlent pas directement de la violence dont elles font l?objet. Elles préfèrent, dans la plupart des cas, exposer les difficultés matérielles auxquelles elles sont confrontées au quotidien, plutôt que d?aborder cette question à laquelle elles n?accordent pas une importance particulière. C?est au cours des discussions qu?on a avec elles qu?on découvre ces violences. Qu?est-ce qui peut pousser un homme à être violent avec sa femme, sa s?ur, sa cousine?? Il y a plusieurs facteurs qui peuvent entrer en jeu. Un homme, qui a été maltraité et violenté dans son enfance, peut facilement devenir violent avec sa femme par exemple. Il y a aussi les facteurs sociaux tels la pauvreté, le chômage? L?éducation peut aussi être à l?origine du comportement violent de l?homme. La violence à l?égard de la femme ne reflète-t-elle pas un trouble psychologique ? Oui, bien sûr. Laissez-moi vous dire dans ce sens que certains hommes violents que nous avons pu identifier sont des malades mentaux que nous n?arrivons pas à placer facilement dans des centres spécialisés. Quel est l?impact de la violence sur la femme qui la subit ? Elle devient agressive à son tour, elle perd confiance en elle et en son entourage, elle délaisse sa famille, elle est tout le temps angoissée? (*) Psychologue-clinicienne à la Direction de l?action sociale de Boumerdès Vers la formation de personnels spécialisés l Dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la violence à l?égard des femmes, le ministère chargé de la Famille et de la Condition féminine organisera, dans les prochains jours, des ateliers qui auront pour mission de former un personnel spécialisé qui prendra en charge les femmes violentées.