Plus de 2 000 morts, 10 000 blessés, des centaines de disparus et 128 000 logements endommagés, tel est le triste bilan de la plus terrible catastrophe naturelle ayant frappé l'Algérie depuis des années. La terre a tremblé en Algérie le 21 mai 2003. Le séisme, de magnitude de 6,8 degrés sur l'échelle de Richter, a touché les régions du centre du pays, notamment les wilayas de Boumerdès et d'Alger, faisant plus de 2 000 morts et quelque 10 000 blessés, ainsi que 46 disparus. Le bilan, arrêté au 11 juin dernier, fait état de grands dégâts matériels. Plus de 13 000 logements ont été détruits, dont 7 000 dans la capitale et 6 000 à Boumerdès. Le nombre de logements endommagés est de 128 000 dont 78 000 à Alger, 34 000 à Boumerdès, 7 000 à Tizi Ouzou et 4 300 à Bouira. Des dégâts surtout matériels, qualifiés de moindre importance, ont également été enregistrés dans les wilayas de Tipasa, Blida, Béjaïa et Médéa. Le tremblement de terre a ébranlé les zones industrielles de Rouiba et de Réghaïa, n'épargnant pas, en outre, les unités implantées dans les agglomérations situées sur l'axe Bab Ezzouar-Les Issers. Le secteur économique a ainsi enregistré des dégâts de plus de 60 milliards de DA, dont près de 50 milliards de DA pour le secteur public. le séisme a accentué la fragilisation des entreprises publiques, touchant 39 d'entre elles. À cela, viennent s'ajouter les ouvrages routiers (routes, passerelles, chaussées, etc.) et les ouvrages maritimes, dont les travaux de réparation sont estimés à plus de 1,6 milliard de DA. En juin dernier, le président de la République, en visite à Blida a déclaré que les dégâts occasionnés par la catastrophe du 21 mai coûteront à l'Etat entre 350 et 400 milliards de DA, soit 4 à 5 milliards de dollars. Mais, le tremblement de terre, défini comme une violence, a eu également des répercussions sur l'état de santé des sinistrés. Ces derniers, placés dans des camps de toile, ont vécu le calvaire pendant la période estivale, qui s'est avérée très chaude cette année. L'arrivée des pluies dès le mois de septembre a vite fait d'augmenter la panique, d'autant que plusieurs caps ont connu par la suite des inondations. Les retards enregistrés dans l'installation des familles dans des chalets, notamment dans la wilaya de Boumerdès ont rajouté à la situation de stress, aux troubles psychologiques et à l'angoisse. Les jeunes, écoliers, lycéens et étudiants, ont eu leur part de perturbation, avec l'annulation de l'examen de 6e, intervenant après la suspension des cours, le report de l'examen du BEF et du baccalauréat, ainsi que celui des cours, des examens et des soutenances dans les universités. Pour des raisons qualifiées d'électoralistes par bon nombre d'observateurs, le ministre de l'Intérieur, M. Zerhouni, a laissé entendre que l'ensemble des sinistrés seront placés dans des chalets, avant la date du 24 décembre, c'es-à-dire avec l'entrée de l'hiver “administratif”. Résultat, les camps de toile ont été fermés, alors que les sites accueillant les chalets ne sont toujours pas achevés, travaux de viabilisation, fuites d'eau, absence d'eau dans les robinets et absence de citernes d'eau dans bon nombre de sites et non-installation des clôtures, etc. Dans les régions éparses ou dans des vieilles bâtisses effondrées, des familles sinistrées occupent encore des tentes et attendent ce moment de délivrance. Il est clair que la tâche est grande, à la hauteur de la catastrophe. Mais en l'absence d'une culture de communication au niveau d'institutions étatiques, beaucoup de sinistrés, parmi ceux qui viennent d'être installés dans des préfabriqués, se sentent abandonnés et ne savent pas à qui s'adresser. En haut lieu, en particulier au Conseil des ministres, le bilan a été établi dernièrement. On apprend ainsi que 81 000 habitations endommagées ont été confortées, que le nombre de familles relogées est de 12 000, que celui des chalets posés est de 15 000 et que la production des préfabriqués est à présent de 19 000 unités… H. A.