InfoSoir : Le patrimoine urbanistique d?Alger est vieillissant. Qu?en pensez-vous ? ll Larbi Icheboudène : Alger a vécu deux périodes historiques essentielles. D?abord l?antique et originaire Casbah, reconnue patrimoine mondial par l?Unesco depuis 1982. Ensuite vint la ville coloniale devenue l?objet d?un plan urbain, architectural et monumental ayant eu le respect de la réglementation et bénéficié de suivi et de protection. Malheureusement, depuis 1962, la grande majorité des Plans de développement et d?aménagement urbains (Pdau) n?a pas été mise en ?uvre. L?accumulation des carences rend trop complexe la mission de restauration, de sauvegarde et de mise en valeur du tissu urbain de la capitale. En comparaison avec d?autres capitales méditerranéennes, Alger accuse un retard considérable en matière d?animation culturelle. Quelles en sont les raisons, à votre avis ? ll Cet immense retard s?explique d?une part par l?impact des quinze dernières années d?instabilité sécuritaire qui a désorienté et bloqué carrément les activités habituelles d?une métropole. Les circonstances des événements de 1988, favorables à une animation dans divers domaines de la vie citoyenne, ont malheureusement coïncidé avec une montée d?intégrisme religieux et de violence. Ainsi, le décollage a été reporté pour une seconde reprise. Il faut cependant rester optimiste quant à l?amélioration de la situation. Que faut-il faire, aujourd?hui, pour acquérir une capitale aux normes du XXIe siècle ? ll La réhabilitation de la ville d?Alger doit impérativement passer par l?élaboration de Plans de développement, d?aménagement et d?urbanisme rationnels, et surtout leur mise en ?uvre dans les délais prévus. Il s?agit en fait d?une gouvernance urbaine efficace en mesure de prendre en charge les grandes et urgentes questions telles que le logement et les infrastructures de base de telle sorte que le respect des règles de l?urbanisme devienne une réalité acquise. Il faut également promouvoir les initiatives de développement sous leurs diverses formes et à divers niveaux en vue d?aboutir aux résultats de ce qui est communément appelé une gouvernance urbaine efficace. Et les réalités socio-économiques ? ll Les réalités sociales et économiques qui caractérisent Alger reflètent, en réalité, l?existence de dysfonctionnements et de problèmes socio-économiques dans la société algérienne. Alger est, à mon avis, le creuset de tout ce que vit l?Algérie profonde. Nous avons une capitale avec un petit «c» qui constitue une vitrine avec un grand «V». (*) Sociologue urbaniste et enseignant au département de sociologie à la Faculté de Bouzaréah.