L'affiche évoque, à elle seule, la soif d'amour et de liberté de Zakia, une femme écrasée par le poids des traditions qui la privent d'une vie sexuelle épanouie : Fleur d'Oubli, sorti récemment à Tunis, bouscule le tabou de la sexualité dans les sociétés arabo-musulmanes. Sa réalisatrice tunisienne, Salma Baccar, déclare avoir voulu «parler du droit naturel des femmes au plaisir, à une vie amoureuse et sexuelle épanouie». Elle raconte une histoire vraie sur la difficulté d'être dans une société machiste où les archaïsmes ont la peau dure. Son film, en demi-teintes, n'exploite pourtant ni les corps nus, ni les scènes d'amour osées. «La pudeur est dans ma nature», dit-elle. Fleur d'oubli, production tuniso-marocaine, a été diversement apprécié par la critique en Tunisie, la presse arabe populaire polémiquant notamment sur son thème jugé «léger», «superflu» ou «anachronique». En revanche, le quotidien de langue française, Le Temps, a salué, cette semaine, le «courage et la générosité» du film pour son approche de «thèmes épineux et complexes». «C'est seulement en acceptant de regarder en face la condition des femmes et les problèmes sexuels que nos sociétés pourront avancer», répond Salma Baccar à ses détracteurs. «Le film interpelle quiconque se mure dans le silence et laisse perpétuer des m?urs et pratiques d'un autre âge», ajoute celle dont le tout premier film sur la condition des femmes Fatma avait été censuré à sa sortie en 1976.