Réflexion n Un bilan a été réalisé par les architectes sur la ville et sur tout ce qui est lié à son évolution et à sa dégradation. Il s?agit des problèmes du foncier, de l?alimentation en eau potable, des eaux usées, du téléphone, des routes et de la circulation routière, du traitement des ordures ménagères et des déchets solides et liquides. En introduction à ce document, qui a été remis aux autorités locales, il est dit : «La ville n?est pas un point dans l?espace, elle est un drame dans le temps.» On incombe le drame de nos villes à «l?urbanisme et à l?architecture qui influent fortement sur le comportement de l?individu». Ce comportement, souvent, influe sur l?état de nos habitations, pour leur préservation ou leur dégradation. Le vieux bâti, hérité des différentes périodes historiques, n?est pas complètement vétuste, mais abandonné depuis des décennies, il a besoin de restauration car à 20 ans d?âge minimum, un logement nécessite une réhabilitation. Or, en 1954, une partie du patrimoine immobilier, dit vieux bâti, avait déjà plus de 100 ans. En 1968, le Comedor, un bureau d?études chargé des problèmes de la ville d?Alger, a été créé, et devait faire des propositions, pour l?extension de la ville. Il sera dissous et remplacé par le Cneru, chargé d?établir un plan de développement de la ville. Le Plan directeur d?aménagement et d?urbanisme d?Alger (Pdau) est élaboré, en 1985. Il ne sera adopté qu?en 1995 avec des Plans d?occupation des sols (POS), qui découlent du Pdau. Certains ont été réalisés alors que d?autres ne le sont toujours pas. Or, un Pdau a une durée de vie de 20 ans, selon la réglementation en vigueur. Actuellement, bien que ce Pdau soit en révision, certains POS sont toujours en vigueur. Un comité de pilotage a été, récemment installé au niveau de la wilaya d?Alger, en associant, pour la première fois, tous les intervenants dans l?aménagement, l?habitat et l?urbanisme, les collectivités locales et même les académiciens. Il faut dire que «le contenu de l?ancien Pdau, arrivé à terme en 2005, n?a jamais fait l?objet d?une quelconque présentation publique», lit-on dans le document signé par Zouhir Zobiri, architecte. Ledit document est un plaidoyer, en faveur de la prise en charge des problèmes de la ville, mais qu?en est-il du vieux bâti et de sa réhabilitation ? Ainsi, à ce jour, aucune institution, aucun organisme ne sont en mesure de faire une estimation du coût de la réhabilitation du vieux bâti. A ce propos, le chargé de la communication auprès du ministère de l?Habitat et de l?Urbanisme a confié qu?une agence française de développement, dans le cadre de la coopération technique, finance des projets de l?habitat, en vue de la formation de personnels spécialisés dans la réhabilitation du vieux bâti. Enfin, M. Belkhodja, conseiller auprès du ministre délégué à la Ville, fait le constat : «Il y a péril en la demeure» faute de coordination. La bataille des chiffres l 43 ans après l?indépendance, l?Algérie compte un parc immobilier de 5 900 000 logements, dont 291 000 habitats précaires, selon les chiffres de l?ONS, lors du dernier recensement. Les experts architectes parlent de 3 700 000 habitations vétustes. Le ministère délégué a donné le chiffre de 800 000 logements vulnérables, en citant le ministère de l?Habitat. Une guerre de chiffres qui n?en finit pas. Problème d?héritage l L?Etat a mis en vente 5 800 000 logements dans le cadre de la cession des biens de l?Etat. Sur ce total, 800 000 sont vétustes, donc à réhabiliter ou à démolir. Le ministre délégué à la Ville avait parlé d?un montage financier sur la base de 60 % du coût de la réhabilitation du logement privé, déboursés par les Opgi, 20 % par les APW et 20 % par le propriétaire. Il se trouve que le problème rencontré lors de cette opération est lié au problème d?héritage.