Genèse n L?origine de l?analphabétisme en Algérie remonte à la période coloniale. D?autres causes d?ordre socio-économique au lendemain de l?indépendance s?y sont greffées. Pendant la période précoloniale, pratiquement tous les enfants étaient scolarisés et recevaient pendant quatre à cinq ans un enseignement gratuit axé principalement sur l?apprentissage du Coran, confirment les historiens. L?administration coloniale s?est, malheureusement, mise, dès 1830, à démanteler et à déstructurer tout le système d?enseignement en place. Ainsi, en 1955 près de 92 % des Algériens étaient analphabètes et 85 % au lendemain de l?indépendance. La capacité d?accueil insuffisante et la non-scolarisation d?une frange de la population en âge scolaire figurent, aussi, parmi les principales causes de ce fléau, entre autres. Il a fallu, en effet, la mise en place de l?école fondamentale dans les années 1980 pour que le cap de 80 % d?enfants scolarisés soit franchi. Ce n'est qu?après sa généralisation que le taux de scolarisation des enfants de la tranche d?âge 6-15 ans a été, substantiellement, amélioré au fil des ans pour dépasser les 90 % en 1987, culminer à 97,34 % en 1991 et se stabiliser au-dessus de 90 % en 2005/ 2006. A cette contrainte, les experts ajoutent la déperdition précoce comme autre élément qui vient allonger la liste, déjà, longue des analphabètes. Selon les données fournies par l?Office national de l?alphabétisme, beaucoup d?enfants confrontés aux différents aléas de la vie abandonnent précocement l?école, avant même d?atteindre la cinquième année de scolarité. La non-scolarisation de la fille est, enfin, la contrainte socioculturelle qui perdure, jusqu?à nos jours, dans certaines régions du pays à l?image des Hauts-Plateaux et du Sud. La famille traditionnelle algérienne avait l?habitude d?attribuer des rôles très distincts aux hommes et aux femmes. A l?origine de cette ségrégation, une question économique puisque l?homme s?occupe du travail extérieur et la femme des activités domestiques. La scolarisation de la fille n?était donc pas ressentie comme une nécessité. Autre facteur ayant contribué à une scolarisation moins importante de la femme, l?éloignement du lieu d?implantation de l?école. Outre la pauvreté extrême de certaines familles qui, ne pouvant faire face à tous les frais de scolarité de leurs enfants, sacrifient en premier lieu la fille. En termes de chiffres, le taux d?analphabétisme des garçons âgés entre 15 et 24 ans est de 20,4 % contre 39,7 pour les filles du même âge.