Rendez-vous n «La littérature algérienne en Russie» était le thème du café littéraire qui a eu lieu, samedi, à la Bibliothèque nationale. «Pourquoi une rencontre autour de la littérature algérienne en Russie ?» A cette interrogation, Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale, répond que c?est pour montrer que la traduction en Russie est un facteur propice à l?ouverture sur d?autres cultures. «Pour connaître un pays, dira-t-il, il faut passer par sa culture, notamment par ses lettres.» La rencontré a été animée, entre autres, par deux écrivains : Mohamed Saïdi et Abdelaziz Boubakir. Le premier a insisté sur le fait que la traduction a permis à la Russie de s?inscrire dans la modernité et de s?imposer comme étant une pensée intellectuelle d?une grande portée et ce, grâce à ses écrivains tels Tolstoï ou Dostoïevski. «Les Russes se sont longtemps intéressés à la traduction et ce, depuis le XVIIe siècle», dit-il, ajoutant que «la traduction n?a jamais constitué un fait occasionnel, mais plutôt une tradition, une créativité intellectuelle, esthétique et même humaine». Effectivement, les Russes ont traduit, selon l?intervenant, les lettres françaises, allemandes, anglaises et même arabes. «Ils ont également traduit la littérature algérienne, à savoir Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Malek Haddad, Abdelhamid Benhaddouga, Tahar Ouatar?», souligne-t-il. De son côté, Abdelaziz Boubakir a déploré qu?aucune initiative n?ait été entreprise par les uns comme par les autres pour traduire la littérature russe ou encore d?autres littératures en langue arabe. «Nous n?avons rien traduit», se désole-t-il, tout en rappelant l?intérêt que porte la Russie à la traduction au point d?y consacrer une institution. «Il existe en Russie une bibliothèque spécialisée en littérature algérienne», rappelle-t-il. En fait, cette rencontre a constitué un prétexte pour soulever la problématique de la traduction en Algérie, un fait qui suscite moult passions auprès des intellectuels qui tous s?accordent à dire que la traduction, en tant que telle, n?existe pas, exception faite de quelques cas isolés. «Les jeunes diplômés de l'Institut de traduction, confie Abdelaziz Boubakir, changent de spécialité en s?orientant vers la traduction de diplômes universitaires et documents administratifs, car il n?y a pas de débouché. Rares sont les initiatives entreprises en direction de la traduction littéraire.» Enfin, le directeur de la Bibliothèque nationale expliquera, pour sa part, que son institution dispose, depuis quelques années, d'un département de traduction. Toutefois, «l'objectif de la traduction assumée au niveau de la Bibliothèque nationale n'est pas commercial. Elle vise essentiellement à permettre au lecteur arabe de lire ce qui se fait en français». Il a souligné, dans ce sens, que le département de traduction n'est pas une institution, mais se veut un promoteur de grands projets, à l?instar de la traduction en langue arabe des ?uvres des défunts Djamel Amrani, Djamel Eddine Bencheïkh et Nour Eddine Abba.