Interrogation n Où est notre théâtre, s'interrogent artistes et amateurs de cet art qui saisissent chaque occasion pour revenir sur le sujet et déplorer l'état dans lequel il se trouve. «Le théâtre a des ennemis visibles : l'absence d'éducation artistique pendant l'enfance, qui nous empêche de le découvrir et d'en jouir, la pauvreté qui envahit le monde, éloignant les spectateurs des lieux de spectacles ; l'indifférence et le mépris des gouvernements qui devraient le promouvoir.» C'est un passage du message international du théâtre intitulé «Une lueur d'espoir», écrit par l'homme de théâtre mexicain Victor Hugo Rascon Banda et sélectionné pour la célébration de la Journée mondiale du théâtre pour 2006. En cette occasion, la direction de la culture de la wilaya de Tipasa a organisé hier une conférence sur le théâtre à la villa Angelevie (Tipasa) animée par Dr Mekhlouf Boukrouh, réalisateur et ex-directeur du TNA. Boukhrouh s'est désolé de l'absence d'une politique culturelle dans notre pays «Tout ce qui a été fait chez nous l'était par coïncidence. La culture a besoin d'organisation. Beaucoup d'argent a été dépensé. Il n'existe malheureusement aucun rendez-vous culturel dans notre pays», dira-t-il. Le conférencier axera sur le théâtre en particulier qui avait joué un grand rôle avant l'indépendance comme arme de combat sous forme de sous-entendus populaires pour passer des messages grâce à l'équipe artistique révolutionnaire qui se déplaçait à trouver le pays et le monde entier. «Mais où en est le mouvement théâtral actuellement ?» s'est-il interrogé enchaînant qu'il existe un problème dans l'art théâtral du côté organisationnel et juridique puisqu' aucune réflexion selon lui n'a été faite sur les premiers textes pour la création du théâtre national et qui sont dépassés. Il s'agit en l'occurrence du texte de 1963 pour la création du théâtre puis de l'ordonnance de1970 pour la réorganisation avec la création de théâtres régionaux. Le conférencier exprimera également son refus du phénomène du monologue produit par des institutions théâtrales étatiques qui possèdent les moyens financiers et humains pour faire de la vraie production qui s'est affaiblie par rapport aux années 60. Il trouve que c'est paradoxal «le théâtre est un dialogue. Le texte existe. Pourquoi opter pour le phénomène du monologue», s'est-il interrogé. Par ailleurs, il y a une nécessité selon lui de la réorganisation du métier du théâtre avec l'implication du secteur privé, du fait que le théâtre fait partie de la culture «tout développement ou investissement dans une ville ou une communauté ne peut réussir sans activités culturelles bien basées», précisera-t-il. l Gérée par l?Unesco, cette institution a été créée en 1948 à Prague et siège à Paris. C?est grâce à cet institut qu?a été proclamé, en 1961, le 27 mars de chaque année «Journée mondiale du théâtre». « Pourquoi célébrer cette journée mondiale chez nous avec l?absence d?un organisme qui rassemble les hommes du théâtre», s?est interrogé M. Boukrouh. Néanmoins, il y a lieu de signaler, selon M. Boukrouh, que le théâtre algérien, d?après les archives, n?existe pas seulement depuis les années 20, mais depuis 1847, année de l?écriture du premier texte théâtral en arabe littéraire et dialectal avec une impression archaïque.Il se trouve actuellement dans la bibliothèque des langues orientales à Paris. Il a été écrit par un jury algérien qui vivait dans la ville d?Alger.En outre, la première maison théâtrale connue dans le monde était l?opéra d?Alger en 1853, selon les recherches et non pas celui de l?Egypte qui n?a été connu que six années années plus tard en 1859.