Résumé de la 56e partie n La belle Nôzhatou, décidément, connaît tout sur le khalife Omar, dont la vie est semée de leçons d?humilité... «On nous raconte que Hassan Al-Bassri a dit : ?Il n'y a personne qui avant de rendre l'âme ne regrette trois choses en ce monde : de n'avoir pu jouir pleinement de ce qu'il avait amassé sa vie durant ; de n'avoir pu atteindre ce qu'il avait espéré avec constance ; et de n'avoir pu réaliser un projet longuement prémédité.? «Et quelqu'un demanda un jour à Safiân : ?Un homme riche peut-il être vertueux ?? Et Safiân répondit : ?Il peut l'être et c'est lorsqu'il use de patience contre les vicissitudes du sort et lorsqu'il remercie l'homme envers qui il a été généreux en lui disant : ô mon frère, je te dois d'avoir fait devant Allah une action parfumée !? «Et lorsque Abdallah ben-Scheddad vit s'approcher la mort, il fit venir son fils Mohammad près de lui et lui dit : ?Voici, ô Mohammad, mes recommandations dernières : cultive la piété envers Allah en ton particulier et en public ; sois toujours véridique dans tes discours et glorifie toujours Allah pour ses dons et remercie-le, car le remerciement appelle d'autres bienfaits. Et sache bien, mon fils, que le bonheur n'est point dans les richesses accumulées, mais dans la piété ; car Allah te dispensera toutes choses !? «On nous raconte aussi que lorsque le pieux Omar ben-Abd El-Aziz devint le huitième khalife ommeyade, il rassembla tous les membres de la famille des Ommeyades, qui étaient fort riches, et les obligea à lui remettre toutes leurs richesses et tous leurs biens, qu'il fit verser immédiatement au trésor public. Alors ils allèrent tous trouver Fatima, fille de Merouân, tante du khalife, pour laquelle Omar avait beaucoup de respect, et la prièrent de les tirer de ce malheur. Et Fatima vint trouver le khalife, une nuit, et s'assit en silence sur le tapis. Et le khalife lui dit : ?O ma tante, à toi la parole !? Mais Fatima répondit : ?O émir des Croyants, c'est toi le maître et je ne saurais élever la voix moi la première. D'ailleurs, rien ne t'est caché, même le motif de ma présence ici.? Alors Omar ben-Abd El-Aziz dit : ?Allah Très-Haut a envoyé son prophète Mohammad (sur lui la paix et la prière) afin qu'il fût un baume pour les créatures et une consolation pour toutes les générations futures. Alors Mohammad (sur lui la paix et la prière !) rassembla et prit tout ce qu'il jugea nécessaire, mais il laissa aux hommes un fleuve où étancher leur soif jusqu'à la fin des siècles. Et, à moi, le khalife, il m'est échu ce devoir de ne point laisser ce fleuve dévier ni se perdre dans le désert !?» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Elle dit : Il m'est parvenu, ô Roi fortuné, que la jeune Nôzhatou, derrière le rideau, alors que l'écoutaient le prince Scharkân, les quatre kâdis et le marchand, continua de la sorte : «?Et à moi, le khalife, il m'est échu ce devoir de ne point laisser le fleuve dévier ni se perdre dans le désert !? Alors sa tante Fatima lui dit : ?O émir des Croyants, tes paroles, je les ai comprises, et les miennes deviennent inutiles.? Et elle s'en alla retrouver les Bani-Ommiah qui l'attendaient, et leur dit : ?O descendants d'Ommiah, vous ignorez combien votre fortune est grande d'avoir pour khalife Omar ibn-Abd El-Aziz !?» (à suivre...)