Résumé de la 53e partie n Alors qu?on déroule à ses pieds tout un faste et un cérémonial digne de sa beauté, Nôzhatou fait étalage de son érudition. «On dit que l'admirable khalife Omar Ibn Al-Khattâb ne prenait jamais quelqu'un à son service sans lui poser ces quatre conditions : ne jamais monter sur une bête de somme, ne jamais s'approprier le butin fait sur l'ennemi, ne jamais s'habiller de vêtements somptueux et ne jamais être en retard pour l'heure de la prière. Et voici les paroles qu'il aimait à répéter : ?Il n'y a point de richesse qui vaille l'intelligence, ni de pierre de touche meilleure que la culture de l'esprit, ni de gloire plus grande que l'étude et la science.? «C'est également Omar (qu'Allah l'ait en ses bonnes grâces !) qui a dit : ?Les femmes sont de trois sortes : la bonne musulmane qui ne se préoccupe que de son mari et n'a d'yeux que pour lui ; la musulmane qui ne cherche dans le mariage qu'à avoir des enfants ; et la putain qui sert de collier au cou de tout le monde. Et les hommes également sont trois : l'homme sage qui réfléchit et agit après réflexion ; l'homme plus sage encore qui réfléchit, mais demande l'avis des hommes éclairés, et ainsi n'agit qu'avec une extrême prudence ; et l'écervelé qui n'a aucun jugement et ne demande jamais le conseil des sages.? «Et le sublime Ali ben-Abou-Taleb (qu'Allah l'ait en ses bonnes grâces !) a dit : ?Tenez-vous sur vos gardes contre les perfides des femmes ; et jamais ne demandez leur avis ; mais ne les opprimez pas, si vous ne voulez pas les voir augmenter en ruses et en trahisons. Car celui qui ne connaît pas la modération marche vers la folie. Et, en toutes choses, vous devez user de justice, surtout envers vos esclaves.?» Et comme Nôzhatou allait continuer à développer ce chapitre, elle entendit, derrière le rideau, les kâdis s'écrier : «Maschallah ! Jamais nous n'avons entendu de si belles paroles que celles dites par cette jeune fille pleine d'éloquence ; mais nous voudrions bien maintenant entendre quelque chose sur les deux autres portes !» Alors Nôzhatou, avec une transition d'une grande habileté, dit : «Un autre jour, je parlerai de la ferveur dans les trois autres voies de l'humanité ; car il est temps que je vous entretienne de la seconde porte. Cette seconde porte est celle des bonnes manières et de la culture de l?esprit. «Cette Porte, ô prince du temps, est la plus large de toutes, car elle est la Porte des Perfections. Ne peuvent la parcourir dans toute son étendue que ceux-là seuls qui ont sur la tête une bénédiction native. Je vous en citerai seulement quelques traits choisis.» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète selon son habitude, se tut. Le lendemain, elle dit : Nôzhatou continua : «Je vous en citerai seulement quelques traits choisis. Un jour, l'un des chambellans du khalife Moawiah vint lui annoncer que le plaisant pied-bot Aba-Bahr ben Kafis était à la porte dans l'attente d'une audience. Alors le khalife dit : ?Fais-le vite entrer.? Et Aba-Bahr le pied-bot entra, et le khalife Moawiah lui dit : ?O Aba-Bahr, approche-toi encore, que je me délecte mieux de tes paroles.? Puis il lui dit : ?O Aba-Bahr, quelle est ton idée sur moi ?? Le pied-bot répondit : ?Moi ? Mais mon métier, ô émir des Croyants, est de raser les têtes, de couper les moustaches, de curer et soigner les ongles, d'épiler les aisselles, de raser l'aine, de nettoyer les dents et, au besoin, de saigner les gencives ; mais jamais je ne fais rien de tout cela le jour du vendredi, car ce serait un sacrilège.?» (à suivre...)