Résumé de la 33e partie n Scharkân, ne pouvant plus vivre heureux au palais, demanda à son père de le nommer gouverneur ailleurs. Il fut alors envoyé à Damas. Mais pour ce qui est du roi Omar Al-Némân, quelque temps après le départ de Scharkân pour le gouvernement de Damas, il reçut la visite des savants qu'il avait chargés du soin et de l'éducation de ses deux enfants Nôzhatou et Daoul'makân. Et les savants dirent au roi : «O notre maître, nous venons enfin t'annoncer que tes enfants ont complètement fini d'apprendre et d'étudier, et ils savent bien les préceptes de la sagesse et de la politesse, les belles lettres et la manière de se conduire.» A cette nouvelle, le roi Omar Al-Némân se dilata d'aise et de joie et fit de magnifiques cadeaux aux savants. Et il vit bien, en effet, que, surtout son fils Daoul'makân, âgé maintenant de quatorze ans, se faisait de plus en plus gracieux et beau et devenait un cavalier solide et admirable, en même temps qu'il était fort attaché aux pratiques religieuses et à la piété et aimait les pauvres et préférait sur toutes choses au monde la fréquentation des savants et des poètes et la société des hommes versés dans la jurisprudence et le Coran. Et tous les habitants de Bagdad, hommes et femmes, l'aimaient et appelaient sur lui les bénédictions d'Allah. Or, un jour arriva qui était le jour du passage à Bagdad des pèlerins venant de l'Irak pour se rendre à La Mecque, accomplir les devoirs du hadj annuel et ensuite aller à Médine visiter le tombeau du Prophète, que sur lui soient la prière et la paix d'Allah ! Aussi lorsque Daoul'makân vit le saint cortège, sa piété s'attisa et il courut trouver le roi son père, et lui dit : «Je viens te trouver, ô père, pour prendre de toi la permission de faire le pèlerinage saint.» Mais le roi Omar Al-Némân essaya fort de l'en dissuader et lui refusa la permission et lui dit : «Tu es encore trop jeune, mon fils. Mais l'année prochaine, si Allah veut, j'irai moi-même au hadj et je te prendrai avec moi, sûrement !» Mais Daoul'makân, qui trouvait la chose future trop éloignée, courut chez sa s?ur jumelle Nôzhatou et la trouva qui se disposait à faire la prière. Il la laissa donc achever la prière, puis il lui dit : «O Nôzhatou, je suis tué par le désir d'aller au hadj et visiter le tombeau du Prophète (que sur lui soient la prière et la paix !) et j'en ai demandé l'autorisation à notre père qui me l'a refusée. Or, mon but maintenant est de prendre quelque argent et de m'en aller secrètement en pèlerinage, et surtout sans en aviser notre père !» Alors Nôzhatou, enthousiasmée elle aussi, s'écria : «Par Allah sur toi ! je te conjure de m'emmener avec toi et de ne pas me laisser ici et me priver de la visite au tombeau du Prophète (que sur lui soient la prière et la paix !) ô mon frère !» Il lui dit : «Soit ! A la tombée de la nuit, tu viendras me trouver. Et surtout prends bien garde d'en parler à qui que ce soit !» Aussi, à minuit, Nôzhatou se leva, s'habilla d'habits d'homme pour se déguiser, habits que lui avait donnés son frère, qui était de sa taille et de son âge, prit avec elle quelque argent et sortit, en se dirigeant directement vers la porte du palais. Là, elle trouva son frère Daoul'makân qui était à l'attendre avec deux chameaux. Alors, Daoul'makân aida sa s?ur à monter sur l'un des chameaux accroupis et monta lui-même sur le second chameau ; et, les bêtes s'étant relevées et mises en marche, ils arrivèrent, à la faveur de la nuit, au milieu des pèlerins et se mêlèrent à eux sans que personne se fût aperçu de leur arrivée. Et toute la caravane de l'Irak prit la route de La Mecque et sortit de Bagdad. (à suivre...)