Résumé de la 15e partie n Abalhassan est inquiet des conséquences de la liaison de son ami Ali avec la favorite du calife. Il s'en ouvre à son ami Amin. Abalhassan répondit : «O Amin, qu'Allah nous ait en sa miséricorde ! J'ai des pressentiments qui ne me présagent rien de bon !»... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Quand vint la nuit, elle reprit son récit et dit : «... des pressentiments qui ne me présagent rien de bon. Aussi, te sachant homme sûr et ami fidèle, je veux te révéler le projet auquel je pense me résoudre pour me tirer, moi et ma famille, de ce pas dangereux !» Et le jeune joaillier lui dit : «Tu peux parler en toute confiance, ô Abalhassan ! Tu trouveras en moi un frère prêt à se dévouer pour te rendre service !» Et Abalhassan lui dit : «J'ai idée, ô Amin, de me défaire de toutes mes attaches à Bagdad, d'encaisser mes créances, de payer mes dettes, de vendre au rabais mes marchandises, de réaliser tout ce que je pourrai réaliser, et de m'en aller au loin, à Bassra, par exemple, où j'attendrai tranquillement les événements. Car, ô Amin, cet état de choses me devient intolérable et la vie ne m'est plus possible ici, depuis que je suis hanté par la terreur d'être signalé au khalife comme ayant été pour quelque chose dans l'intrigue amoureuse. Car il est fort probable que cette intrigue finira par être connue du khalife !» A ces paroles, le jeune joaillier lui dit : «En vérité, ô Abalhassan, ta résolution est une résolution fort sage, et ton projet le seul qu'un homme avisé puisse vraiment prendre, à la réflexion. Qu'Allah t'éclaire et te montre la meilleure de ses voies pour sortir de ce mauvais pas ! Et si mon assistance peut te décider à partir sans remords, me voici prêt à agir à ta place comme si tu étais là, et à servir ton ami ben Bekar avec mes yeux !» Et Abalhassan lui dit : «Mais comment feras-tu puisque tu ne connais point Ali Ben Bekar et que tu n'es point non plus en relations avec le palais et avec Schamsennahar ?» Amin répondit : «Pour ce qui est du palais, j'ai déjà eu l'occasion d'y vendre des bijoux par l'intermédiaire même de la jeune confidente de Schamsennahar ; mais pour ce qui est de ben Bekar, rien ne me sera plus facile que de le connaître et de lui inspirer confiance. Aie donc l'âme tranquille, et si tu veux partir ne te préoccupe point du reste, car Allah est le portier qui sait, quand il lui plaît, ouvrir toutes les entrées !» Et sur ces paroles, le joaillier Amin prit congé d'Abalhassan et s'en alla en son chemin... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Elle dit : ...prit congé d'Abalhassan et s'en alla en son chemin. Mais au bout de trois jours, il revint prendre de ses nouvelles et trouva la maison absolument vide. Alors il s'informa de la chose auprès des voisins, qui lui répondirent : «Abalhassan est allé à Bassra pour un voyage d'affaires, et il nous a dit à tous que son absence ne serait pas de longue durée et qu'à peine rentré dans l'argent que lui doivent ses clients lointains, il ne manquerait pas de revenir à Bagdad.» Alors Amin comprit qu'Abalhassan avait fini par céder à ses terreurs et qu'il avait jugé plus prudent de disparaître pour le cas où l'aventure amoureuse parviendrait aux oreilles du khalife. Mais il ne sut d'abord lui-même quel parti prendre ; enfin, il se dirigea du côté du logis de ben Bekar. Là, il pria l'un des esclaves de l'introduire auprès de son maître ; et l'esclave le fit entrer dans la salle de réunion où le jeune joaillier trouva ben Bekar étendu sur les coussins, bien pâle. Il lui souhaita la paix et ben Bekar lui rendit son souhait. Alors il lui dit : «O mon maître, bien que mes yeux n'aient pas eu la joie de te connaître avant ce jour, je viens m'excuser d'abord auprès de toi d'avoir tant différé à venir demander des nouvelles de ta santé. Ensuite je viens t'annoncer une chose qui certainement te causera quelque désagrément, mais je suis également porteur du remède qui te fera tout oublier !» (à suivre...)