Expression n Conter est une autre façon de dire le patrimoine culturel et historique, de le pérenniser. Le conte est aussi un véhicule des valeurs humaines et sociales. Nora Aceval, qui se consacre depuis une quinzaine d?années à la collecte et à l'enregistrement de ce patrimoine oral ancestral et dont son dernier livre s?intitule L'Algérie des contes et légendes, dit que «raconter aux enfants, raconter aux plus grands, c'est transmettre des valeurs». «Pour moi le conte, outre qu?il est un fait culturel, revêt une fonction sociale : le conte permet de renforcer les liens familiaux, car c'est un moment de partage entre les grands-parents, les parents et les enfants.» Le conte se veut un document dans la mesure où il renseigne sur la vie d'antan, sur l?histoire commune. Lakhdar Rahmouni, chercheur spécialisé dans la culture populaire, met l?accent sur le rôle que tient un conteur : «Le conteur demeure un personnage important dans la perpétuation de la culture populaire la plus authentique transmise de génération en génération.» Et de souligner que «le personnage du conteur a joué un rôle fondamental dans la transmission des cultures, avant que l'écriture et la communication moderne ne le supplantent». Pour sa part, Faouzi Masmoudi, président de l'association Al-Khaldounia des études et recherches historiques, estime que «le conteur ? ou meddah ? constitue une source richement instructive sur l'histoire vécue et l'imaginaire populaire. Le meddah a été le dépositaire privilégié de la mémoire collective, le conservateur et le témoin des sentiments, de la personnalité, des souffrances, des sacrifices et de la fierté d'une culture. Il a été la voix d'un peuple que les épreuves les plus dures, n'ont pu vouer à la dispersion ou réduire au silence». Le conte attire de plus en plus d?adeptes : des femmes se sont constituées en un groupement, le Cercle des femmes conteuses, un atelier qui, dirigé et animé par Si Mohamed Baghdadi, se propose d?être un espace où toutes ces femmes (Assia, Djazia, H?nifa, Yamina, Fatiha, Zineb et Nina) puisent dans le terroir les plus belles histoires et s?engagent à en créer de nouvelles. Enfin tous les conteurs ? traditionnels ou modernes ? s?accordent à dire que le conte est un langage littéraire avec sa poésie et ses subtilités, relevant ainsi les différents apports de ce genre à l'épanouissement de l'enfant, à savoir l?acquisition de la structure du texte, le développement de la mémoire, de l'esprit critique et du sens de la réflexion. Pour eux, «quand on apprend la rhétorique, on appréhende mieux l'écriture».