InfoSoir : Pouvez-vous nous présenter le Centre ? l A. Dourari : Comme son intitulé l?indique le centre, en tant qu?institution, se charge de tout le travail qui doit être fait avant de passer à l?enseignement. Par la suite nous intervenons pour améliorer les méthodes, la pédagogie, les outils didactiques... En somme la standardisation et l?aménagement linguistique. Le Centre a été créé le 2 décembre 2003 par décret n° 03-470. Il est à préciser que nous avons introduit un modificatif du décret et nous attendons toujours une réponse. Il y a la revendication d?officialisation de tamazight. «Tamazight langue officielle» peut-elle être applicable en l?état actuel de la langue ? l Cette question, comme celle de la graphie (je pense que vous allez me la poser), ce sont des abcès de fixation. Aujourd?hui après des années de lutte et de travail intellectuel nous avons atteint un objectif qui est fondamental, à savoir que tamazight a un statut officiel de langue nationale. En tant que telle, l?Etat lui a donné les moyens. Aujourd'hui, il est normal que les personnes qui voudraient faire émanciper cette langue, la travaillent. Parce que celle-ci connaît des problèmes objectifs énormes. Nous avons besoin de travailler et une fois que nous aurons acquis un peu plus d?homogénéité et de normalisation linguistique et une fois réglés les problèmes de son enseignement, à ce moment peut-être le problème du statut de langue officielle pour tamazight se posera. Mais quel intérêt aujourd?hui à demander le statut de langue officielle ? D?ailleurs on ne sait pas dans quelle «tamazight» cette langue sera officialisée. Serait-ce en kabyle, en chaoui, en mozabite. Il y a le problème de la diversification. Quelle est votre vision sur l?avancée de tamazight ? l Dimanche dernier, lors d?une conférence, j?ai affirmé que le statut de langue nationale pour tamazight au niveau de la Constitution est une révolution culturelle et linguistique. C?est un acquis dont les gens ne se rendant pas compte. Le travail qui a été investi depuis longtemps et l?apport du mouvement citoyen en 2001-2004 ont fait que l?Etat a décidé de constitutionnaliser tamazight langue nationale? Et la reconnaissance de tamazight langue nationale est quelque chose de fondamental qui était complètement renié auparavant. Avant on disait que c?est le paradigme arabo-islamique qui structurait l?identité algérienne. Maintenant on a ouvert la voie au pluralisme linguistique et à une reconstruction de l?identité nationale dans sa portée historique véritable. Le Centre national pédagogique et linguistique pour l?enseignement de tamazight (CNPLET) va-t-il contribuer dans le projet de la chaîne de télévision berbère ? l Le centre n?est pas le HCA. C?est un instrument linguistique et pédagogique il n?est donc pas politique, il n?a pas une portée politique, il n?a pas de mission politique. Il a une mission pédagogique et linguistique en premier lieu. Notre travail consiste à travailler sur la promotion de tamazight pour améliorer l?enseignement. C?est le moins qu?on puisse dire. Qu?est-ce qui vous fait dire que l?enseignement de tamazight est dans une situation difficile ? l Le problème c?est qu?on a commencé à enseigner tamazight avant de faire le travail nécessaire, et c?est une expérience unique et intéressante, car elle contient des aspects positifs, c?est qu?on a brisé la glace au niveau symbolique. Tamazight s?enseigne et on a fait une avancée formidable, mais d?un autre côté si on veut réellement faire un enseignement au sens propre du terme, il est nécessaire d?avoir les enseignants compétents qui soient formés pour et nous n?en avons pas aujourd?hui. Nous n?avons pas encore normalisé la langue et encore moins le travail de pédagogie ; les textes n?existent pas. On ne dispose pas des principaux éléments pour passer à l?enseignement, nous devons les produire. Et c?est cela qui devrait être fait. (*) Président du Centre national d'aménagement et d'enseignement de tamazight.