Dans le cadre du colloque sur Mouloud Mammeri ,organisé du 17 au 21 avril, la maison de la culture de Tizi Ouzou a abrité une table ronde sur «La question amazighe à l?échelle nord-africaine». Ali Kheddaoui, anthropologue et membre actif du mouvement amazigh du Maroc, a déclaré, à propos de sa visite à Tizi Ouzou, que «c?est un pèlerinage dont j?ai toujours rêvé depuis le premier printemps berbère». Il rendra ensuite un vibrant hommage à Mouloud Mammeri «précurseur et gardien de la mémoire et de la conscience amazighes grâce à qui tous les Imazighen ont pris conscience de leur identité (?) Le combat de Mammeri n?a pas été vain et sa stratégie a été payante». Et de rappeler que Mammeri a passé une grande partie de sa vie au Maroc. «Ce grand homme a été comme une lanterne qui a éclairé l?itinéraire du mouvement amazigh.» Abordant la situation du mouvement amazigh dans son pays, Ali Kheddaoui dira que le combat a commencé en 1967 : «A l?indépendance du Maroc, 90 % de la population était berbère; malgré cette majorité numérique, le roi a refusé de reconnaître tamazight qu?il a exclue de la Constitution, dans toutes ses composantes». Selon lui, c?est dans le sillage du combat mené en Algérie pour la reconnaissance de tamazight qu?est né le Mouvement amazigh marocain qui compte aujourd?hui plus de 400 associations sur tout le territoire du royaume chérifien. C?est grâce à l?action de ce mouvement, poursuit le conférencier, qu?il y a eu la promulgation d?un décret royal portant création de l?Institut royal pour la culture amazighe au Maroc (Ircam) avec la mise en place de moyens humains et matériels substantiels. Ali Kheddaoui estime que le combat pour l?amazighité doit continuer dans l?union de tous les mouvements à travers les pays berbérophones car, dira-t-il, «le combat pour l?amazighité, par-delà la diversité des situations, est le même». «Il y a tellement de choses que nous devons faire ensemble, commençons d?abord par nous connaître, mieux communiquer entre nous, mieux que nous l?avons fait jusque-là, pour mettre en commun les savoir-faire accumulés sur l?amazighité dans tous les domaines et échanger des groupes de travail (de chercheurs, de jeunes, d?enfants, bref toutes les composantes de la société). L?hôte de Tizi Ouzou estime que le combat des Berbères en Algérie a été couronné par des acquis importants. «Je voudrais vous demander d?essayer d?être conscients de vos acquis car vous avez acquis énormément de choses (?) et je crois que le moment est venu de consolider, d?abord ces acquis pour, ensuite, réfléchir à une stratégie ».