Détresse n Lorsque misère rime avec faim et soif, tous les moyens sont bons pour y remédier. Même si l?on considère que dans notre pays, la situation n?est pas aussi alarmante qu?en Asie, ce fléau n?épargne pas notre société et l?exemple des enfants qui travaillent dans les décharges publiques est édifiant. Dans ce décor insalubre constitué de montagnes d?ordures, on distingue différentes filières : il y a ceux spécialisés dans la collecte de la ferraille et d?autres dans le plastique ou le carton. Alors qu?une autre catégorie tente de dénicher des objets en cuivre, quelques- uns préfèrent ramasser les flacons de déodorant. Certains osent récupérer même des habits usés. Tout est bon pour ramasser quelques sous ! Mais le plus dangereux reste, sans doute, les déchets alimentaires dont certains enfants se nourrissent. Faim, lorsque tu nous tiens ! Les plus chanceux sont équipés de bottes en caoutchouc et parfois de gants. Dans ces dépotoirs où pullulent d?innombrables insectes et sous un essaim de mouches, la plupart des petits chiffonniers sont là à fouiller ces montagnes d?ordures à mains nues, inhalant les odeurs les plus pestilentielles, dans un froid glacial ou sous un soleil de plomb. Il est fréquent, après quelques mois, voire quelques jours de travail dans ces conditions on ne peut plus lamentables, qu?ils tombent malades, contractant la gale ou le tétanos, sans parler des blessures dues au verre brisé, des inflammations à la suite de piqûres d?insectes, des maladies dermiques et la liste est encore longue ! A en croire certains témoignages, il arrive même que des déchets hospitaliers contaminateurs soient rejetés, notamment dans la décharge d?Oued Smar, à l?image de pieds gangrenés. Mais les risques de santé encourus par le travail dans les dépotoirs, sans protection, ne semblent pas trop inquiéter ces jeunes. Il est inutile, cependant, de signaler que l'activité de récupération destinée au recyclage se pratique au vu et au su des autorités. Pourtant, l?Algérie est signataire de la convention n° 182 sur les pires formes de travail des enfants en 1999. Cette inertie des pouvoirs publics s?explique, selon le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, par le fait que le travail des enfants en Algérie «est dépourvu de la notion d?exploitation puisqu?il n?y a pas d?employeurs officiels. Les résultats de la dernière enquête réalisée par notre département a révélé qu?il n?existe aucune forme inhumaine, dégradante et d?extrême exploitation de la personne de l?enfant en Algérie», explique Mme Amina Haddad chargée de la communication. Fatalement, après des mois et parfois des années passées à travailler dans les décharges, ces enfants ressentent, selon les psychologues, une perte d?estime de soi et s?assimilent souvent aux rebuts de la société !