Rencontre n La Laddh a organisé, hier, à la Fondation allemande Friedrich-Ebert, une journée d?étude, expliquant la gravité du recours par les autorités publiques à la justice, pour condamner les journalistes. Après une minute de silence observée à la mémoire de tous les journalistes martyrs de la profession, Me Zehouane, président de la ligue, entame l?introduction du «brûlant sujet» qu?est «Le Code pénal et les délits de presse». Me Zehouane a posé la problématique du jour, affirmant d?emblée qu?il «n?existe aucun droit à l?information en Algérie.» Mes Smaïn Chamma et Mustapha Bouchachi, membres du Conseil national de la Ligue de défense des droits de l?homme, lui succèdent en animant une conférence sur le thème du «Code pénal et des délits de presse, analyse juridique». Dans son intervention, Me Chamma s?est posé deux questions : «Pourquoi le durcissement des textes en 2001 et pourquoi l?amendement de la loi 90/07 relative à l?information qui est touffue de «peines excessives», il énumère 23 articles, avec 23 peines. L?orateur s?est demandé à juste titre pourquoi donc, l?autorité a eu recours à un tel durcissement dans les textes, notamment à travers les différents articles du Code pénal en particulier le 144 bis, «Le journaliste n?est pas un voyou, il doit être jugé selon son statut, sa fonction.» Pour Me Bouchachi, la liberté de presse est un élément de la démocratie. Or, actuellement, celle-ci est absente de la pratique quotidienne du régime actuel. Il cite ainsi l?impossibilité de créer des journaux et la fermeture du champ audiovisuel. Pour lui, «le journaliste a le droit d?informer, et le citoyen a le droit à l?information». Des droits qui ne sont pas «garantis par le Code pénal», mais qui sont pourtant bel et bien inscrits dans la Constitution algérienne, dans ses articles 36, 38, 41, etc. Me Benarbia, dans une intervention au vitriol, fustige «le système qui voit, à travers la presse, un ennemi». Dans l?après-midi, Fayçal Metaoui, rédacteur en chef à El-Watan, et les caricaturistes, Hicham Baba Ahmed, HIC, ont expliqué à l?assistance, les difficultés que rencontrent les journalistes dans l?exercice de leur métier. Le caricaturiste estime «qu?auparavant, le journaliste travaillait en étant harcelé, actuellement, il travaille en étant condamné». Pour le rédacteur en chef d?El- Watan, «il y avait des dérapages» qu'il explique notamment par «la médiocre formation au niveau de l?institut de journalisme et l?état d?urgence qui entrave la fonction pour expliquer qu?il faut un saut qualitatif pour la corporation». En somme, un débat franc a regroupé, hier, les militants de la défense des droits de l?homme à leur tête Ali Yahia Abdenour et les journalistes qui ont apporté des éclairages sur les lois qui régissent l?information. Pratiquement toute l?assistance a conclu que seule une justice indépendante peut permettre l'émergence, un jour, d'une presse indépendante.