Résumé de la 1re partie n Le Tombeau de la chrétienne a été rebaptisé Mausolée royal de Maurétanie, parce que l?on croit qu?il a servi de sépulture à Cléopâtre Séléné, l?épouse de Juba II. L?hypothèse qui fait remonter le tombeau à Juba semble provenir des auteurs latins. L?un d?eux, Pomponius Mela, qui écrivait au début de l?ère chrétienne, note : «Iol (actuelle Cherchell), sur le bord de la mer, ville jadis inconnue et illustre aujourd?hui pour avoir été la cité royale de Juba et parce qu?elle se nomme Césarée. En deçà se trouvent les bourgs de Cartenna (Ténès) et de Arsenaria, le château de Quiza, le golfe Laturus et le fleuve Sardabale. Au-delà, le mausolée commun de la famille royale?» On remarquera, cependant, que cet auteur, même s?il cite Juba, ne donne aucune information sur la famille royale qui a utilisé le mausolée ni surtout à quelle époque il a été édifié. C?est pourquoi l?hypothèse qu?il remonte à Juba II a été contestée. C?est ainsi que l?historien français Stéphane Gsell, spécialiste de l?antiquité maghrébine, pensait, au début du XXe siècle, que le mausolée était antérieur d?un siècle ou même de deux à Juba. Selon lui, il aurait servi de sépulture à un roi maure dont l?histoire n?a pas gardé le nom. L?hypothèse s?appuie sur des détails artistiques du monument, inspirés, selon l?historien, par l?art grec de cette époque. Un autre historien de l?Afrique antique, l?Italien Romanelli, va, lui, encore plus loin que Gsell : le monument serait plus ancien et pourrait remonter, à cause de son archaïsme, au Ve, voire au VIe siècle avant J.-C. Enfin, un autre chercheur, Gabriel Camps, spécialiste de la préhistoire maghrébine, opte pour une datation «moyenne» : le IIIe siècle avant J.-C., ce qui donne tout de même un bel âge à notre mausolée ! Signalons que l?hypothèse de Camps s?appuie sur la datation au carbone 14 d?un crampon de bois, prélevé sur le monument, datation qui donne 270 avant J.-C. Mais on peut imaginer que le crampon a pu être ajouté après la construction du monument... Quoi qu?il en soit, l?hypothèse que le mausolée ait été construit au temps de Juba II n?est pas du tout certaine. Quant à l?hypothèse d?une reine chrétienne, elle n?est plus recevable aujourd?hui ! Pour revenir à cette hypothèse, signalons que ce sont les auteurs européens qui, après l?avoir empruntée à une tradition locale, l?ont répandue. Ainsi, un auteur espagnol, Marmol, qui a été officier de Charles Quint et qui a visité la région, a accrédité l?idée que le tombeau renferme les restes de la fille du comte Julien, enlevée et violée par Rodrigue, le roi des Wisigoths d?Espagne. Et c?est pour se venger d?eux que, selon le même Marmol, le comte a facilité aux troupes de Tarik Ibn Ziyad l?entrée en Espagne. La tradition algérienne n?évoque pas, elle, la fille du comte Julien. Elle fait du mausolée la demeure d?une fée, la fée Haloula, appelée également Yemma Haloula, et qui serait la gardienne d?un trésor. Un jeune berger aurait, en s?accrochant à la queue de sa vache qui en connaissait l?entrée, pénétré dans le mausolée et récupéré une partie du trésor. Mais un autre récit, que nous proposons de raconter à nos lecteurs, attribue sa récupération à un magicien espagnol... (à suivre...)