Résumé de la 1re partie n Le commissaire Palmer a perdu tous les réflexes professionnels ; il mène une vie paisible à la campagne. Soudain, il doit faire face à un dangereux criminel qui rôde dans sa ville. Il est maintenant six heures de l'après-midi. George Levin rentre chez lui au volant de sa voiture. Entre son entreprise d'appareils sanitaires, au centre de Richmond, et le pavillon qu'il habite, il y a environ dix minutes. Mais c'est long dix minutes. Il peut s'en passer des choses en dix minutes. Bien sûr, avant de partir, il a une nouvelle fois téléphoné chez lui. Kate lui a dit que tout allait bien, qu'elle s'était barricadée avec les deux petites. George Levin appuie sur l'accélérateur autant qu'il peut. Au-dessus de sa tête, le bourdonnement d'un hélicoptère l'agace, le rend plus nerveux encore... Mais non, il a tort. Ça, c'est plutôt rassurant. Dans la voiture, le poste de radio diffuse les mêmes nouvelles que depuis le début de la matinée : «Nous répétons le signalement de Gordon Mac G. : 1,80 mètre, yeux bleus, cheveux blonds coupés en brosse, taches de rousseur sur les deux joues. Il a vingt-deux ans mais paraît plus jeune. Il tue ses victimes après les avoir fait allonger par terre. N'ouvrez à personne. Prévenez la police au moindre fait suspect...» Enfin, la barrière blanche de la maison. George Levin se précipite, sonne selon le code convenu. Et il pousse un soupir de soulagement. Elles sont là toutes les trois : Kate, sa femme et ses deux filles : Judith douze ans, Sandra huit ans. Les petites courent se blottir contre leur père. Elles ont peur. Mais George ne cherche pas à les rassurer. Il faut qu'elles continuent à avoir peur. C'est indispensable pour qu'elles ne commettent pas d'imprudence. George est en train de montrer à sa femme le maniement du revolver qu'il vient d'acheter pour elle chez l'armurier, quand la chaîne de télé locale interrompt de nouveau son programme : «Demain matin, les cars de police viendront ramasser tous les enfants de la ville. N'envoyez pas vos enfants seuls à l'école. Attendez que le car s'arrête devant votre porte.» George Levin se sent un peu soulagé. Demain, Kate aura une arme et les filles seront protégées par la police. Aussi, il s'endort sans trop de mal, avec le revolver sur la table de nuit. Et le lendemain, en partant pour son travail, à sept heures, il n'est pas exagérément inquiet. Tout au long du chemin, il croise des policiers... D'autres renforts sont certainement arrivés d'Ottawa pendant la nuit. A la radio, on n'annonce rien de nouveau. Les recherches continuent. L'entreprise de matériel sanitaire Levin Limited se situe derrière la gare, dans un quartier désert. A peine sorti de sa voiture George a un choc : la vitrine d'exposition du magasin a été brisée. Il s'approche pour constater les dégâts... et presque immédiatement, il se rend compte qu'il n'aurait pas dû, qu'il fallait fuir tout de suite, au premier coup d'œil... Mais il est trop tard. Une forme s'est levée derrière une baignoire. Une forme avec un fusil. «Par ici, mon gars. Et pas de blagues, hein !» Sur le coup, George n'a qu'une seule réaction : s'il est là, au moins Kate et les enfants sont en sécurité. Ce n'est pas qu'il soit spécialement un héros, du moins il ne le pense pas, c'est tout simplement l'unique pensée qui lui vient à l'esprit en cet instant. D'un pas mécanique, George Levin s'approche de Gordon Mac G. C'est vrai qu'il fait jeune. On dirait un gamin qui joue au cow-boy avec la carabine qu'on vient de lui acheter. Mais ce n'est pas un jouet. Mac G. lui enfonce le canon dans les côtes. «C'est au-dessus, ton bureau ?» George ne peut que secouer la tête affirmativement. «Passe devant. Je te suis.» (à suivre...)