Le premier nom autochtone de Tlemcen qui nous soit parvenu est Agadir. On pense qu'il s'agit d'un emprunt au phénicien gader, mais on le retrouve dans tous les dialectes berbères, avec des formes et significations proches : aoâdir, pluriel ioûdar (mur, muraille) et agadir, pluriel igudar (clôture en ciment, cimetière, mur) en touareg W et Y ; oadir, (Siw) jadir (mur), (Sk) agadir (mur, muraille, (MC), agadir (mur, forteresse, endroit fortifié) (Chl) ; agadir (talus, escarpement, mur de pierre, par extension tombe) en kabyle, etc. Le second nom, Tagrart, provient également du berbère. On lui donne le sens de «camp militaire» ; aujourd'hui, le mot désigne d'autres espaces : aorur (enclos en pierres sèches pour les chevreaux) en touareg ; ayrur (mur, haie entourant le jardin ou la palmeraie) (Nefousa), aourir (pièce réservée pour la cuisson des aliments, cuisine) ; ouraren (cabinets publics, WC), (Ghd) agrur (tas de pierres élevé pour célébrer un événement rattaché à un saint, niche en pierres) (MC) agrur (niche et mur en pierres sèches, gîte, cave) (Chl) ; agrur, tagrurt, pluriel tigrurin (niche réservée au petit bétail) en Kabylie. Le nom actuel, Tlemcen, est encore redevable au berbère. On sait qu'Ibn Khaldoun le décomposait en tellem sin (elle réunit deux, c'est-à-dire la côte et la plaine) mais le nom est plutôt à rapporter à almes, diminutif talmest, pluriel tilemsin, attesté en touareg avec le sens de «jonc», plante qui pousse généralement au bord de l'eau.