Rencontre n Le colloque ne prétend pas apporter des solutions, mais plutôt impulser une réflexion. Le Festival national du théâtre professionnel a pour ambition de relancer la pratique théâtrale, en créant une dynamique nouvelle, permanente et effective permettant ainsi de revigorer la création et de dépister de nouveaux talents, et cela à travers des représentations (en «in» et en «off»). Cependant, il a également pour objectif de créer un espace favorisant la confrontation des idées ainsi qu'un débat sur l'exercice du théâtre dans ses différents aspects : création, production, distribution ou encore diffusion. Et c'est autour de cette question qu'un colloque a été inauguré hier. Placée sous le thème «Situation et avenir du mouvement théâtral algérien», cette rencontre de trois jours, à laquelle prennent part des chercheurs, critiques et gens du métier, constitue une opportunité pour mieux cerner la pratique théâtrale en Algérie devenue ces dernières années une véritable problématique. La première journée de cette rencontre a vu la présentation de plusieurs communications sur le théâtre dans sa dimension historique, de ses différentes formes et de sa relation avec le public. Makhlouf Boukrouh, universitaire, a ainsi posé la problématique de la relation scène-public en Algérie, indiquant que «le théâtre est un art axé sur le spectacle où les relations scène-salle et public-acteurs sont omniprésentes». Concernant le public algérien, M. Boukrouh a estimé «difficile» d'évaluer son importance ou sa nature, étant donné qu'il y a une absence quasi totale d'études empiriques à ce sujet. Il a souligné, à cet égard, la nécessité de «développer les études d'audience pour mieux cerner les préoccupations et les attentes du public algérien». Pour sa part, l'universitaire Bouziane Ben Achour a évoqué l'expérience des troupes indépendantes, saluant les nouvelles tendances en matière de production et de mise en scène de ces troupes. «Les résultats de ces expériences sont proches du vécu de la société», a-t-il estimé. Il s'est félicité aussi de l'intérêt que portent ces troupes indépendantes au jeu scénique, d'une part, et aux thèmes traités dans les pièces, notamment ceux en rapport avec l'amour, le travail et l'émancipation de l'homme, d'autre part. Kamel Bendimerad, journaliste et critique, a donné, de son côté, un aperçu historique du phénomène théâtral, relevant que le théâtre est né au sein des pratiques religieuses antiques, celles qui ont existé avant la civilisation athénienne, comme en témoignent certaines scènes représentées dans des gravures rupestres du Tassili. Enfin pour le Libanais Roger Assaf, il est utile de multiplier les lieux de rencontres, pour permettre aux citoyens de s'exprimer, de se rencontrer et, surtout, de continuer à se connaître et à se reconnaître. Selon lui, le théâtre devrait être utilisé comme un outil visant à créer des lieux et des espaces de rencontre, de dialogue et d'expression entre les peuples.