Ces gérants, auxquels ont été attribuées les stations depuis des décennies, accusent l'entreprise nationale de vouloir les ruiner et accaparer leurs stations. L'entreprise commerciale Naftal, créée en 1982 et dont la mission consiste en la distribution et la commercialisation des produits pétroliers, est accusée de vouloir ruiner ces gérants pour accaparer les stations. La livraison défaillante et irrégulière de carburants, le retard accusé dans la réparation des appareils ayant atteint un seuil inquiétant de vétusté, le non-respect de ses engagements quant à la réhabilitation des cuves percées et l'absence de travaux de réhabilitation des pistes et bureaux sont autant de facteurs qui ont provoqué la colère des gérants libres de ces stations, attribuées à des anciens moudjahidine et à des familles de chouhada depuis la nationalisation des hydrocarbures en 1971 pour certaines et bien avant l'Indépendance pour d'autres. Les travaux, qui devaient être effectués par Naftal en contrepartie de la taxe dite «redevance de gestion» versée par les gestionnaires, ne l'ont pas été. Le conflit entre les deux parties s'est accentué ces dernières années, notamment après l'échec du dialogue entamé début 2005. Les exploitants libres affirment que les «manœuvres malsaines» de Naftal ont pris de l'ampleur à la suite de la lettre ouverte qu'ils ont adressée au président de la République en décembre 2005. En vue de défendre leurs droits, ces derniers, qui disent faire l'objet de pressions de la part de l'entreprise Naftal, ont créé la Fédération nationale des exploitants libres des stations-service (Fnelss), affiliée à l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). «La redevance de gestion est en principe versée à Naftal en contrepartie de travaux d'entretien général et de maintenance, de réparation et de remplacement des appareils, mais ces travaux n'ont jamais vu le jour et nous continuons à faire l'objet d'un flagrant racket économique», affirme Hamid Ayouaz, porte-parole de la Fédération, ajoutant que Naftal «a procédé à une augmentation vertigineuse de la RG, passée du simple au quadruple, ce qui porte un lourd préjudice à notre marge bénéficiaire. En un mot, on veut nous asphyxier et nous pousser à abandonner.» Naftal est, en outre, accusée d'exiger de l'exploitant la réalisation de performances et d'objectifs préétablis sans lui accorder les moyens adéquats. Les gérants libres des stations-service affirment, par ailleurs, que Naftal profite du flou juridique relatif à la propriété de ces stations pour tromper les autorités locales quant à la récupération des terrains après leur destruction pour des raisons sécuritaires et accaparer, par la suite, des indemnités destinées principalement à la mise en place d'autres stations.