Résumé de la 59e partie n Pat est bouleversée par les propos de sa voisine Lila Thatcher qui a connu ses parents et l'a probablement reconnue. Cependant, elle s'investit dans son travail. Le film s'ouvrait sur la vue panoramique d'une joyeuse garden-party. Les tables abritées sous des parasols colorés occupaient l'arrière-plan. Des serveurs s'affairaient parmi les groupes d'invités — femmes en robe d'été et capeline, hommes en veste sombre et pantalon de flanelle blanche. Parmi les hôtes qui se trouvaient alignés sur la terrasse, la jeune Abigail, belle à vous couper le souffle dans une robe tunique en soie blanche, se tenait aux côtés d'un jeune homme qui avait l'air d'un universitaire. A sa droite, une femme plus âgée, visiblement la mère de Willard Jennings. Des rides sévères marquaient son visage aristocratique. A mesure que les invités défilaient lentement devant elle, elle leur présentait Abigail. Pas une seule fois, elle ne la regarda en face. Qu'avait dit le sénateur ? «Ma belle-mère m'a toujours considérée comme la yankee qui avait volé son fils.» Abigail n'avait pas exagéré. Pat examina Willard Jennings. Il était à peine plus grand qu'Abigail, avec des cheveux blonds et un visage mince et doux. Une sorte de timidité affectueuse se dégageait de lui, un manque d'assurance dans son maintien lorsqu'il serrait les mains ou embrassait les invités. Des trois, seule Abigail paraissait parfaitement à l'aise. Elle ne cessait de sourire, penchait la tête en avant comme pour mieux retenir les noms, tendait sa main pour faire admirer ses bagues. Si seulement il y avait une bande sonore, regretta Pat. Le dernier invité venait d'être accueilli. Abigail et Willard se tournèrent l'un vers l'autre. La mère de Willard regarda droit devant elle. Son visage semblait à présent moins irrité que pensif. Et soudain, elle eut un sourire chaleureux. Un homme de haute taille aux cheveux auburn s'approchait. Il prit Mme Jennings dans ses bras, la relâcha, l'étreignit à nouveau, puis se tourna pour féliciter les jeunes mariés. Pat se pencha en avant. Au moment où le visage de l'homme apparaissait en plein champ, elle arrêta le projecteur. Le dernier arrivant était son père, Dean Adams. Il a l'air si jeune, pensa-t-elle. Il ne peut avoir plus de trente ans ! La gorge nouée, elle avala difficilement sa salive. Avait-elle gardé un vague souvenir de lui qui ressemblât à cette image ? Ses larges épaules emplissaient l'écran. Il était beau comme un Dieu, ainsi penché de toute sa taille sur Willard ; une force magnétique émanait de lui. Trait par trait, elle examina le visage ainsi figé sur l'écran, immobilisé, exposé à l'inspection la plus minutieuse. Elle se demanda où se trouvait sa mère puis se rendit compte qu'à l'époque où ce film avait été tourné elle était encore étudiante au conservatoire de Boston, s'apprêtant à embrasser une carrière musicale. Dean Adams était alors député du Wisconsin de fraîche date. Il avait gardé cet air ouvert et plein de santé des gens du Middle West, une aura que donne la vie au grand air. (à suivre...)