Résumé de la 92e partie n Pat est invitée par Lila Thatcher à une soirée de Noël chez un de leurs voisins, ancien ambassadeur. Alors qu'elle se prépare, des souvenirs lui reviennent… Lentement, elle se leva et se dirigea vers la coiffeuse du cabinet de toilette. Elle avait le visage tiré et pâle. Un bruit dans le couloir la fit pivoter sur elle-même, la main sur la gorge. Ce n'étaient que les craquements familiers de la maison. A 17 heures pile, Lila Thatcher sonna à l'entrée. Dans l'embrasure de la porte, elle ressemblait à un lutin avec ses joues roses et ses cheveux blancs. Elle avait un air joyeux dans son manteau de vison avec un petit bouquet de fleurs piqué sur le col châle. «Avons-nous le temps de prendre un verre de sherry ? demanda Pat. — Bien sûr.» Lila jeta un coup d'œil à l'élégante table en marbre de Carrare avec son miroir assorti dans l'entrée. «J'ai toujours adoré ces deux objets. Je suis heureuse de les revoir. Vous savez — c'était une affirmation — j'en ai eu la conviction, l'autre soir.» Pat avait posé un carafon de sherry et une assiette de biscuits salés sur la table basse. Lila s'arrêta sur le seuil du salon. «Oui, dit-elle, vous vous en êtes très bien tirée. Bien sûr, les années ont passé, mais je retrouve mes souvenirs. Ce tapis magnifique, le canapé. Même les tableaux, murmura-t-elle. Pas étonnant que je me sois sentie troublée. Pat, êtes-vous certaine que ce soit sage ?» Elles s'assirent et Pat servit le sherry. «J'ignore si c'est sage. Je sais que c'est nécessaire. — De quoi vous souvenez-vous ? — De bribes. De fragments. Rien qui se raccorde. — Je téléphonais souvent à l'hôpital pour avoir de vos nouvelles. Vous êtes restée inconsciente pendant des mois. Lorsque l'on vous a transférée, on nous a laissé entendre que vous resteriez à jamais handicapée si, par miracle, vous vous en sortiez. Et après, on a annoncé votre mort… — Veronica, la sœur de ma mère, et son mari m'ont adoptée. Ma grand-mère voulait éviter que le scandale ne me poursuive... ou ne les poursuive. — Et c'est pour cette raison qu'ils ont aussi changé votre prénom ? — Mon nom est Patricia Kerry. Je crois savoir que Kerry était le prénom choisi par mon père. Patricia était le prénom de ma grand-mère. Ils ont pensé qu'à partir du moment où ils changeaient mon nom, ils pouvaient aussi bien utiliser mon premier prénom.» — Ainsi Kerry Adams est devenue Patricia Traymore. Qu'espérez-vous trouver ici ?» Lila prit une gorgée de sherry et reposa son verre. Incapable de rester en place, Pat se leva et se dirigea vers le piano. D'un geste machinal, elle posa sa main sur le clavier, puis la retira. Lila l'observait. «Vous jouez ? — Uniquement pour le plaisir. — Votre mère jouait sans arrêt. Vous le savez sûrement. — Oui. Veronica m'a parlé d'elle. Voyez-vous, je voulais d'abord uniquement comprendre ce qui s'était passé dans cette maison. Puis je me suis rendu compte que dans mes souvenirs les plus lointains, j'ai détesté mon père ; je l'ai détesté pour m'avoir fait autant de mal, pour m'avoir privée de ma mère. Je crois que j'espérais trouver un indice prouvant qu'il était malade, qu'il avait perdu la tête — je ne sais quoi. Mais maintenant, en me remémorant peu à peu certains petits détails, je réalise qu'il y a davantage. Je ne suis pas la même personne que celle que je serais devenue si...» A suivre