Inauguration n L'hommage à Djamel Amrani s'est poursuivi hier à la Bibliothèque nationale. À cette occasion, le directeur de l'établissement, Amine Zaoui, a procédé à l'inauguration du Café littéraire de la bibliothèque au nom de Djamel Amrani. «Djamel Amrani aimait cette salle, et il aimait y donner des récitals poétiques», a-t-il dit ajoutant : «Il est de notre devoir de préserver et prolonger la mémoire de Djamel.» «Le vrai hommage au poète consiste à faire de cet espace un haut lieu de rencontre et d'échange, un espace à la mesure de ce dernier», a-t-il souligné. Il a annoncé que la bibliothèque prendra en charge la traduction du poète en langue arabe, une collection qui paraîtra l'année prochaine. Samira Negrouche, présidente de l'association Cadmos et initiatrice de la rencontre «A front-tiers de poésie », a, pour sa part, dit que «Djamel Amrani, qui aimait les vagabondages dans les vers, aimait cet espace comme tout espace intérieur, il aimait les cafés ainsi que les rencontres avec les étudiants avec lesquels il aimait partager sa poésie et leur faire connaître la beauté et la sensibilité du vers». À l'issue de cette inauguration, une rencontre entre poètes s'est tenue au sein même du café littéraire pour discuter du travail du poète. Jean-Claude Villain, poète français, a relevé que «le travail du poète ne consiste pas à dire ou à écrire la poésie, mais plutôt à rendre service à la poésie», en la faisant parvenir à autrui. Pour lui, le poète [le vrai poète] doit travailler dans un esprit de partage et de rapprochement. De son côté, Jabbar Yassin Hussin, poète irakien, souligne la nécessité pour le poète d'inculquer aux autres l'éducation poétique. «Le rôle du poète est de faire connaître la poésie, son devoir est d'amener les gens à la poésie», a-t-il dit, rappelant que dans les sociétés arabes, il y a une très longue tradition dans le domaine de la poésie. Katerina Anghelaki-Rooke, poètesse grecque, a mis, quant à elle, l'accent sur l'importance de la traduction dans le véhicule de la poésie. «Le poète doit traduire la poésie d'autres poètes», rappelant au passage la difficulté que rencontre un poète en traduisant la poésie : «Le plus difficile, c'est ce qui se perd dans la traduction», a-t-elle dit. C'est-à-dire ne pas être fidèle au texte initial, sachant d'emblée qu'un traducteur est en mesure de passer d'une langue à une autre, mais il ne peut traduire à l'identique la sensibilité du poète. L'Italien Giuseppe Goffredo, pour qui la poésie commence là où la littérature finit, dit que «la poésie naît du contact avec autrui, de la rencontre avec et dans le rapport qu'elle peut entretenir avec». Enfin, Henri Deluy estime que «le poète doit s'inscrire dans un esprit d'ouverture», que «la poésie doit s'ouvrir aux autres poésies», créant ainsi un lieu d'échange et de partage. D'où le but de ces rencontres.