Résumé de la 2e partie n Au début du XIVe siècle de l'ère chrétienne, un saint homme arrive dans l'Ouest algérien et, à la demande des habitants de la région, décide de s'y installer. Sidi Ali Bou Tlélis est connu pour être un grand ami des animaux. Il vivait à leur contact et les nourrissait. Les oiseaux, les chats, les chiens, les gazelles venaient jusque dans son ermitage pour le lécher. Il répugnait à faire souffrir les bêtes de somme et réprimandait sévèrement ceux qui le faisaient. Il se rendait fréquemment dans la montagne et comme, avec l'âge, les sentiers abrupts devenaient pour lui éreintants, il demandait, à chaque fois qu'il avait un déplacement à faire, qu'on lui prête un âne ou un mulet. «N'aie crainte, disait-il au montagnard qui lui cédait sa bête, je te la rendrai telle que je l'ai prise !» Il ménageait la bête en faisant des pauses fréquentes, mais aussi il s'abstenait, durant tout le trajet, de manger et de boire. «Si je mange et je bois, expliquait-il, je prendrai forcément du poids et je pèserai lourd sur la pauvre bête.» Et quand, tiraillé par la faim ou la soif, il lui arrivait de manger, il s'en excusait auprès de la bête et dédommageait son maître pour le tort causé. «Les bêtes ne parlent pas et endurent en silence tout ce qu'on leur fait subir, disait-il, mais elles savent faire la différence entre ceux qui les ménagent et ceux qui les font souffrir et elles distinguent le bien du mal !» Et le saint de citer le cas très connu du chat : «Quand vous donnez à un chat un morceau de viande, il s'en empare et le mange devant vous, mais s'il vous dérobe ce même morceau, il ne le mangera pas devant vous, il le prendra et ira se cacher pour le faire... Parce qu'il sait que ce qu'il a fait est mal !» Il interdisait qu'on maltraite les animaux et il lui arrivait, quand le cas d'un paysan faisant souffrir ses bêtes lui parvenait, de se cacher pour surprendre l'individu. «Tu n'as pas honte de traiter de la sorte cette bête de Dieu, s'emportait-il, prends garde qu'il ne t'arrive quelque chose de fâcheux !» Plus d'un, dit la tradition, ainsi admonesté par le saint homme, tombait de sa monture ou alors prenait un violent coup de sabot de la bête maltraitée. «Ce n'est qu'un juste châtiment, tonnait le saint, prends garde à l'avenir de maltraiter ta bête !» Il interdit la coutume qui consistait, pour augmenter l'allure d'un animal, à lui faire une plaie à la cuisse et à l'entretenir : dès que la bête ralentissait, sous le poids de sa charge ou la fatigue, l'homme enfonçait un bâton dans la blessure. «Maudit soit qui agit de la sorte !», menaçait-il. Plus d'un muletier ou d'un ânier cruel est tombé de sa monture, se blessant grièvement ou même expirant, victime dit-on, de la malédiction... (à suivre...)