Résumé de la 5e partie n Sidi Bou Tlélis apparaît, tenant un lion en laisse ; il demande au percepteur d'Abou al-Hasan Ali, qui lui réclame de l'orge pour ses soldats, de le conduire auprès de lui. On arrive bientôt au camp et les redoutables soldats du prince mérinide reculent, effrayés, à la vue du lion. Ces fauves étaient, à l'époque, fort répandus dans nos contrées où ils semaient la mort et la désolation. Celui que poussait devant lui Sidi Ali était énorme et il paraissait d'une force extraordinaire. Le percepteur, toujours tremblant, conduit le saint devant la tente du prince Abou al-Hasan Ali. «C'est ici que se trouve ton maître ? lui demande-t-il. — Oui seigneur, dit le percepteur. — Alors, va lui dire que je lui apporte l'orge qu'il a demandée !» Le percepteur entre dans la tente et il en ressort peu après, accompagné du prince. La vue du lion ne semble pas l'intimider. «Alors, dit-il en regardant avec mépris Sidi Ali, tu apportes l'orge que j'ai demandée ? — Oui, dit le saint homme. — Je ne vois pas de sac d'orge, dit le prince. — Le voici, le sac que j'apporte», dit Sidi Ali. Et il montre le petit sac – en arabe dialectal le tlélis, diminutif de tellis (sac en peau de chevreau), si petit qu'il contient à peine de quoi nourrir un homme, et encore un homme qui se contenterait de peu. «Quoi, s'écrie le prince, qui s'emporte, tu te moques de moi ? J'ai demandé de quoi nourrir mon armée, pas un gueux comme toi !» Le saint, nullement offensé ni intimidé, répond : «Il y a là de quoi nourrir non pas une armée mais dix !» Il prend le petit sac, posé sur le dos du lion, l'ouvre et entreprend de verser sur le sol son contenu. Des grains d'orge en tombent : non pas une poignée comme le laissaient supposer les dimensions du sac, mais des litres entiers. Il se forme vite un tas et, le saint continuant à secouer le tlélis, un tas qui se transforme en monticule et il en tombe toujours... «Y en a-t-il assez pour tes soldats ? demande avec ironie Sidi Ali, ou faut-il encore secouer le sac ?» Le prince comprend enfin qu'il est devant un miracle et, tout tremblant, il se jette aux pieds du saint, le suppliant de lui pardonner. Puis revenant à lui, il s'en prend à son percepteur et lui reproche d'avoir maltraité un saint. «Je te ferai couper la tête !», promet-il. Mais Sidi Ali intercède en faveur du percepteur et le prince lui laisse la vie sauve. C'est ce miracle qui a valu à Sidi Ali le surnom de Bou Tlélis, l'homme au petit sac. Sa réputation n'a pas cessé de croître et, à sa mort, survenue en l'an 1348 de J.-C., un mausolée a été érigé sur sa tombe.