Résumé de la 3e partie n Sidi Bou Tlélis, qui a élu domicile au début du XIVe siècle sur la rive nord de la sebkha d'Oran, était un grand ami des animaux... Sidi Ali recevait de ses montagnards toutes sortes de dons en nature : œufs, poulets, huile, semoule, mais il ne gardait pour lui que le strict minimum, les dons étant redistribués aux pauvres et aux nécessiteux. On lui offrait aussi des vêtements, mais il ne les portait pas, préférant les donner : sa djellaba et son burnous étaient tout rapiécés, mais il ne s'en plaignait pas. A cette époque, deux grandes dynasties berbères, de la grande tribu des Zénata, se partageaient l'Ouest et le Centre du Maghreb : les Mérinides avec pour capitale Marrakech et les Abd el-Ouadid avec pour capitale Tlemcen. Ils étaient constamment en guerre et chacun cherchait à s'étendre au détriment de l'autre... En cette année 1337, c'est de nouveau la guerre entre les frères ennemis. Les troupes du prince mérénide Abou al-Hasan Ali ont envahi les Etats du prince Abd el-Ouadid Abou Tachfine et faisaient régner partout l'insécurité. Les soldats, brutaux et cupides, molestaient les paysans et s'emparaient de tout ce qu'ils pouvaient. L'armée venant à manquer de vivres, Abou al-Hasan, qui a planté sa tente non loin de l'actuelle localité de Bou Tlélis, charge son percepteur d'aller chercher l'orge dont on a besoin chez l'habitant. Le percepteur, un homme cruel et arrogant, arrive à l'ermitage de Sidi Ali. Le saint homme est en prières, mais il le fait violemment sortir de son logis par ses soudards. «Je t'ordonne, lui dit-il, de m'apporter sur le champ telle quantité d'orge !» La quantité demandée est telle que Sidi Ali écarquille les yeux. «Tu entends ? répète le précepteur, je veux de l'orge tout de suite !» Sidi Ali secoue la tête. «Crains Dieu, d'où veux-tu que je ramène une telle quantité ? Je suis pauvre, comme tous les gens d'ici, et c'est à peine si je trouve quelques grains pour me nourrir ! — Je ne veux rien savoir, dit le précepteur, si tu ne fais pas ce que je dis, je te ferai couper la tête !» Les soldats qui l'accompagnent avancent, menaçants. «Je ferai ce que tu demandes», dit Sidi Ali. Tandis que le saint entre dans son ermitage, le précepteur se retourne vers les soldats et dit, plein d'ironie : «Ces montagnards sont de fieffés menteurs, ils feignent la pauvreté, mais en réalité, ils cachent dans leurs gourbis de grandes quantités de grains !» Cependant, Sidi Ali, entré dans son ermitage, n'en sort pas. Le précepteur, croyant que l'homme cherche à se dérober, ordonne aussitôt à ses soldats d'aller voir ce qu'il fait. «Traînez-le dehors et gare à lui s'il ne sort pas son orge !» Les soldats se précipitent dans la maison mais ils en ressortent aussitôt, épouvantés, comme s'ils avaient vu le Diable. (à suivre...)