Résumé de la 66e partie n Luther Pelham est irrité par la publicité faite autour de l'incursion d'un rôdeur chez Pat, et l'en rend responsable. Pour sa part, Arthur Stevens sent que Glory s'éloigne de lui. «Bonjour, dit doucement Arthur. Ma petite fille est bien jolie aujourd'hui.» Glory ne sourit pas. «Comment était le film ? demanda-t-il. — Bien. Ecoute, je te donne plus la peine d'aller me chercher un petit pain ou un beignet. J'en prendrai un au bureau avec les autres filles.» Il se sentit consterné. Il aimait partager son petit-déjeuner avec Glory avant qu'ils ne partent travailler. Elle dut deviner sa déception, car elle le regarda en face et son expression s'adoucit. «Tu es si gentil avec moi», dit-elle, et un peu de tristesse perçait dans sa voix. Pendant de longues minutes après son départ, il resta assis, le regard dans le vide. La soirée d'hier l'avait épuisé. Après toutes ces années, retourner dans cette maison, dans cette pièce — placer la poupée de Glory à l'endroit exact où gisait l'enfant... Après l'avoir posée contre la cheminée, la jambe droite repliée sous elle, il s'était presque attendu, en se retournant, à voir les corps de l'homme et de la femme étendus par terre. Après le coup de téléphone de Luther, Pat se leva, se prépara un café et commença le découpage de l'émission. Elle avait prévu deux versions ; la première comprendrait une séquence d'ouverture sur le début de la vie d'Abigail à Apple Junction, l'autre commencerait à la réception de son mariage. Plus elle y pensait, plus la colère de Luther lui paraissait justifiée. L'idée de cette émission énervait déjà suffisamment Abigail sans y ajouter cette inquiétante publicité. Dieu merci, j'ai eu la présence d'esprit de cacher la poupée, se dit-elle. Vers neuf heures, elle visionnait les derniers films dans la bibliothèque. Luther avait déjà envoyé les séquences du procès d'Eleanor Brown, montrant Abigail à la sortie du palais de justice après la condamnation. Sa déclaration affligée : «C'est un jour très triste pour moi. J'espère seulement qu'Eleanor aura maintenant l'honnêteté d'avouer où elle a caché cet argent. Sans doute s'agissait-il de fonds électoraux, mais avant tout, cet argent venait des dons envoyés par des gens qui avaient confiance dans les objectifs que je poursuis.» Un journaliste demandait : «Par conséquent, Sénateur, l'affirmation d'Eleanor selon laquelle votre chauffeur lui aurait demandé par téléphone d'aller chercher votre diamant dans le coffre-fort du bureau du comité électoral serait de la pure invention ? — Mon chauffeur me conduisait ce matin-là à un meeting à Richmond. La bague se trouvait à mon doigt.» Venait ensuite une photo d'Eleanor Brown, un gros plan qui révélait distinctement chaque trait de son petit visage pâli, sa bouche craintive, ses yeux farouches. La bobine se terminait sur Abigail prenant la parole à l'université. Elle traitait du problème de la morale publique, et avait pris pour thème la responsabilité absolue qui incombe à un parlementaire de mettre ses fonctions et son équipe à l'abri de tout reproche. (à suivre...)